Dimanche 12 septembre : voilà une belle surprise comme on les aime !!!
La journée de repos est trop vite passée et nous voici déjà en train de refaire les sacs. Sur la table extérieure, un bol de figue et un bol de raisin nous attendent. Les enfants ont préparé une boite en origami pour nos hôtes. Du coup, ils nous offrent eux aussi des cadeaux : un petit sac brodé et des poupées en tissus. Les enfants sont ravis (moi je vois les sacoches qui se remplissent !). Michaël a sorti le drone. C’est sympa de pouvoir envoyer aux gens des photos ou vidéos de leur maison vue du ciel.
Alors que nous sommes quasiment prêts, j’entends Michaël crier « C’est Bernard, c’est Bernard ! », je me retourne et je vois un cycliste jaune fluo passer sur la route. Pas de doute, c’est lui ! je l’appelle pendant que les enfants courent vers lui sur le trottoir. Par chance, il nous entend et s’arrête. Pour rappel, nous nous étions rencontrés juste avant d’arriver à Belgrade. Hier, en regardant son blog, nous avions lu qu’il y était resté plus longtemps que prévu et nous pensions alors être devant lui. En fait, il a passé la nuit dernière dans ce village ! Quelle chance que nous l’ayons vu passer.
Etre au bon endroit au bon moment … La plupart du temps, on ne se rend pas compte à quel point notre vie est influencée par de petits événements que nous ne maitrisons pas. Parce que nous avons pris le même bac que des français pour aller à Mohacs (alors que nous n’avions même pas pris de tickets), nous avons eu la chance d’aller chez Ivana et Endré à Novi Sad. Et cela nous a donné envie de retenter l’expérience en Bulgarie, ce qui nous a permis de rencontrer une autre famille formidable et de passer un weekend à la montagne … (Mais là je prends de l’avance sur le blog 🙂 !!! Mais à 5 minutes près, nous rations le bac de Mohacs et tout cela ne serait pas arrivé. Il y a aussi les occasions ratées : à Belgrade, nous ratons l’ambassadeur de France de 2 jours : celui qui vient de changer de poste était le frère d’une collègue ! Dommage pour les soirées chez l’ambassadeur 🙂
Bref, nous expliquons à Bernard que nous prévoyons de faire un tour de bateau dans les gorges et nous lui proposons de passer la journée ensemble. Banco, nous voici donc tous les 6 sur la route. Les enfants ont un peu l’impression d’avoir un papy pour la journée et sont tout excités : de vraies pipelettes, ils ont tous leur petite histoire à raconter à Bernard !
Nous avalons les km en discutant. Les vues sur le Danube sont de plus en plus belles et nous apercevons de nombreux bateaux qui sillonnent les gorges. C’est une activité très développée côté Roumanie où les berges sont plus accessibles. Côté serbe, il n’y a qu’une compagnie qui semble fonctionner. Ils ont 2 bateaux amarrés comme ils peuvent et une table au milieu des bosquets. Nous sommes surpris par le nombre de touristes présents (en majorité serbes). La veille nous avions envoyé un mail pour dire que nous souhaitions faire le tour de 12h30. Dans notre esprit, c’était plutôt pour nous assurer que le tour serait maintenu car nous pensions être seuls. Maintenant, on se dit qu’on a bien fait de réserver car nous n’avons pas envie d’attendre le tour de 14h30 !
Le père, un ancien pêcheur reconverti en guide touristique, ne parle pas anglais et c’est son fils d’environ 12 ans qui nous accueille. Les enfants sont ébahis de voir quelqu’un de leur age se comporter comme un adulte et parler anglais ! C’est le fils aîné, la vingtaine, qui va nous servir de guide sur le bateau, mais il n’a pas la tâche facile. Le père est à l’avant et pilote le bateau. Il s’arrête le temps d’expliquer en serbe les particularités du coin et de petites anecdotes. Puis il redémarre le bateau pour aller plus loin. C’est là que le fils doit répéter la même chose en anglais aux touristes étrangers qui ont été regroupés au fond du bateau, à côté du moteur … Et comme en plus il a mal à la gorge, j’ai beaucoup de mal à entendre ce qu’il dit.
La visite dure 2h. Nous admirons, entre autre la table de Trajan et la sculpture de Décébale. Trajan est un important empereur romain du 2ème siècle qui a fait graver sur la roche les grandes réalisations menée sous son règne dans la région (routes, pont etc). La table de Trajan a été découpée dans la roche et déplacée en hauteur suite à la construction du barrage (les eaux ont monté de 27m). Il faut cependant toujours un bateau pour aller la voir. Décébale est un roi dace qui a régné à la même époque que Trajan. Vaincu une fois par les romains mais laissé au pouvoir, il se rebelle mais perd de nouveau et choisit de se suicider plutôt que de se rendre. Les bateaux roumains débarquent sur une petite berge pour visiter le lieu du drame. Mais comme nous sommes sur un bateau serbe, nous ne faisons que passer à côté. La tête de Décébale est immortalisée côté roumain : une immense sculpture de 40 m de haut (rien que le nez fait 7 m !). Elle a été réalisée au début des années 2000 et financée par un milliardaire roumain qui voulait faire un cadeau à son pays … Côté roumain, on peut aussi apercevoir une grotte qui comporte une rivière souterraine. Apparemment, il existe en Roumanie une excursion permettant de parcourir à pied cette rivière et de déboucher sur le Danube pour une récupération en bateau. Ce doit être sympa ! Enfin, une dernière petite anecdote qui nous vient directement du patron du bateau : il a pêché ici un poisson chat de presque 3 m et 93 kg.
Après un petit pique nique (tarte aux poireaux préparée durant notre journée de repos !), nous reprenons les vélos. C’est le milieu de l’après midi et le soleil tape fort. Si la route côté Roumanie reste au bord de l’eau, celle côté serbe grime, grimpe, grimpe ! Nous l’avions bien vu depuis le bateau ! Mais c’est surtout la chaleur qui est difficile à supporter, en particulier celle qui provient de l’asphalte toute neuve et bien noire. J’ai l’impression de cuire !
Le point de vue au sommet est sublime. Nous pédalons un moment sur un plateau, ce qui nous permet de profiter du panorama avant de redescendre vers Tekija, notre destination. Bernard a encore 25 km à faire pour rejoindre son auberge de jeunesse côté Roumanie. C’est dur de lui dire au revoir ! Mais nos routes se recroiseront forcément, vu qu’on a une glace à manger ensemble !
Nous cherchons un logement pour la nuit et suivons les panneau qui indique un appartement à louer chez l’habitant. La propriétaire est chez elle. Elle est très embêtée en nous voyant mais ne parle pas un mot d’anglais. Je comprends le problème en visitant le logement : il n’y a qu’un seul lit double. Mais cela n’est plus un problème pour nous depuis longtemps ! Pour une nuit, nous installons les 3 enfants sur les matelas gonflables tout autour du lit. En France, nous n’aurions probablement pas pu le faire mais ici, tant que tout le mode est d’accord, tout est possible. Le temps de décharger les vélos, la propriétaire revient avec 3 verres de coca, du chocolat et 2 verres d’apéritif local ! Nous trinquons à la santé de Bernard !
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