Nous arrivons à Salento de jour, pour une fois, mais sous un ciel bien gris. Le lieu est connu pour les randonnées dans les collines alentour, au milieu des palmiers de cire. Aussi, une enseigne sur deux dans les rues voisines concerne la location de matériel de rando ou des excursions à cheval.
Nous avons trouvé un appartement en bordure du village, dans un lotissement assez récent, et dont la majorité des logements sont occupés par des gens du coin. Dans un lieu aussi touristique que Salento, c’est assez agréable de loger comme les locaux et loin de la foule. La récupération de la clé s’avère un peu compliquée car nous avons très peu de réseau et la proprio semble avoir des problèmes avec whatsApp (notre principal moyen de communication dans un pays où les gens n’ont pas de « minutes » sur leur téléphone mais seulement des « data »). Finalement, aidé par notre voisin qui connait quelqu’un qui connait la proprio, nous trouvons la clé planquée dans le coffret électrique à côté de la porte d’entrée.
Dans un petit magasin au coin de la rue, je trouve de quoi pique niquer demain mais aussi, le fameux panaché que buvait notre guide à Tatacoa. Nous allons enfin pouvoir goûter le Cola & Pola !
Notre appart est sympa, mais les murs mitoyens sont du papier à cigarette. On entend tout ce qu’il se passe chez nos voisins et ce soir, c’est la fêêêêête ! Alors, on est peut être devenu de vieux rabats joie, mais c’était vraiment abusé. Et le bruit est encore plus fort à l’étage, où sont les chambres car il n’y a pas d’isolation au niveau du toit. Les plaques de tôles sont posées sur les murs, mais il y a des ouvertures un peu partout (au moins c’est aéré !).
La vallée de Cocora
La journée est prometteuse et la météo semble avec nous. Nous passons par la place principale de Salento, où les jeep williys chargent les touristes. Il y a quelques km à faire pour rejoindre la vallée de cocora et ses palmiers à cire.
2 options s’offrent aux visiteurs : la version courte, qui consiste à grimper directement aux 2 points de vue, au milieu des palmiers. Et la version longue, qui commence par une marche dans la vallée, puis grimpe jusqu’au refuge des colibris, avant de revenir vers les fameux points de vues sur les palmiers à cire.
Le début de la marche au milieu des pâturages est vraiment très bucolique. Le soleil illumine les palmiers sur la colline. Nous croisons le laitier qui rentre avec ses mules chargées de lait frais. Puis, c’est un train de mule qui nous dépasse sur le chemin. Par chance, il n’a pas du pleuvoir ces derniers jours et le chemin n’est pas trop boueux.
Changement radical de décors lorsque nous arrivons dans la partie forêt. Nous longeons un petit cours d’eau traversé par plusieurs ponts suspendus. Ça balance un peu mais c’est amusant. C’est la touche « aventure » de la randonnée !
Le chemin dit « la montagne » qui permet de rejoindre les palmiers part sur la gauche mais nous avons prévu de passer par le refuge des colibris. Nous continuons donc tout droit par un sentier qui grimpe dans la forêt puis chemine à flanc de montagne. Un droit d’entrée est à payer à l’arrivée au refuge (c’est le deuxième du parcours) mais nous avons droit à une boisson chaude et nous en profitons pour pique niquer. Il est un peu tôt pour manger mais le ciel se couvre et cela nous paraît plus sûr (et on a bien fait vu la suite de la journée !).
Comme prévu, il y a des colibris dans le coin. Ils sont plusieurs à venir voltiger autour des abreuvoirs d’eau sucrée. Ils sont tous très beaux, mais celui que nous cherchons, c’est le colibri à longue queue. Il vient de temps en temps, mais reste à peine quelques secondes et disparaît à la vitesse de l’éclair. A peine le temps de faire la mise au point, j’appuie pour prendre la photo, et quand elle s’affiche, il n’y a qu’une mangeoire vide, il est parti !
Les premières gouttes commencent à tomber et Michel, Michaël et les enfants se remettent en route. Moi, je guette toujours ce fameux colibri. Je commence à identifier une certaine routine. Il commence par s’approcher sur les arbres aux alentour, puis vient boire (toujours sur le même abreuvoir) et file ensuite au loin. Et rebelote 5-10 minutes plus tard. Soudain, je l’aperçois sur une branche. C’est ma dernière chance car il faut vraiment que je parte. Mais où diable est-il passé ??? Avec ma voisine, nous le cherchons partout. Pour finir par découvrir qu’il a changé d’abreuvoir et se trouve à celui situé juste à côté de notre tête !
La montagne sous la pluie …
Le soleil nous a abandonné alors que le plus dur reste à faire : grimper la montagne. Nous sortons les vestes de pluie et c’est parti. Les enfants ne rechignent pas (c’est l’effet ventre plein !). Heureusement qu’on a mangé au refuge ! Un pas devant l’autre, la montée n’est finalement pas si terrible. Nous croisons des gens qui font le trajet dans l’autre sens. Bon courage pour les petits ponts de bois, ça risque d’être sacrément glissant !
La pluie se calme lorsque nous arrivons au sommet. Le sentier débouche au pied d’une cabane au milieu des fleurs. Un bout de montagne apparaît dans la brume mais c’est pour mieux disparaître ensuite. Nous croisons un colombien aperçu un peu plus tôt. Il refait tout le chemin à l’envers à la recherche de son portable. Le pauvre …
Nous découvrons une nouvelle ambiance au milieu des grands conifères. Décidément, c’est une randonnée très surprenante !
La pluie est repartie de plus belle alors que nous arrivons au pied des premiers palmiers. Ils sont gigantesques et pour cause, les palmiers de cire du Quindio sont les palmiers les plus hauts du monde. Ils peuvent atteindre près de 80 mètres et vivre jusqu’à 100 ans. Autre particularité, ils supportent très bien le froid, la pluie et la brume, comme nous pouvons le constater aujourd’hui !
Il est possible d’extraire de la cire de leur écorce et les palmiers ont longtemps été exploités pour fabriquer des bougies. C’est désormais interdit et ils sont protégés mais certains disent qu’ils vont disparaître car il n’y a pas de jeunes palmiers pour remplacer les vieux. Il parait même que c’est la faute des vaches qui broutent les jeunes pousses ! Mais pas d’inquiétude. Dans une vallée voisine, d’autres collines couvertes de palmiers attendent les visiteurs. Ce sera juste un peu plus cher car tous ces terrains que nous traversons sont privés (c’est la raison des nombreux droits de passage que nous payons tout le long de la marche).
La fin de la marche est assez hallucinante : nous avons rejoint le circuit court, celui qui grimpe au milieux de palmiers et passe par 2 points de vue sur la vallée. Alors que jusque là nous étions dans de merveilleux paysages de nature, nous débarquons dans un coin surexploité, avec des décorations très voyantes et pas toujours de très bon goût. Tout ça pour que les gens puissent repartir avec des photos d’eux. Et pourquoi pas tout simplement avec des photos de palmiers ? Finalement, on est peut être bien devenu de vieux rabats joie !!!
Mention spéciale aux enfants qui ont marché sous la pluie sans râler et se sont même bien amusés dans la pente herbeuse toute glissante en fin de parcours. Tout le monde était quand même bien content de s’entasser à l’abris dans la voiture. Et personne n’avait envie de prendre la place des touristes devant nous qui rentraient en jeep willys : il faut savoir que seuls les premiers grimpent à l’intérieur de la jeep. Les derniers se retrouvent accrochés à l’arrière, debouts, sous la pluie !
Il faut bien le dire, j’étais un peu déçue par la pluie qui nous a quand même gâché la fin de la randonnée. Si bien que j’étais prête à me lever très tôt le lendemain matin pour retourner sur le circuit court. Mais un vrai déluge s’est abattu sur le village cette nuit là. On l’a bien senti passer, sous notre toit en tôle. Tant pis pour les palmiers !