Lundi 20 septembre : bombardé par un noyer à Roman et obligé de dormir dans la rue !
En quittant l’hôtel ce matin, nous tombons sur des stands de fruits et légumes en train de s’installer. Je stoppe net en voyant les cageots de figues. La vendeuse commence à me servir mais prend n’importe lesquelles. Moi, je veux les très mûres, à manger tout de suite ! Voyant que cela ne me convenait pas, elle me laisse la place derrière son stand et part continuer à installer le reste de sa marchandise. On va se régaler !
Ca grimpe pas mal aujourd’hui. Nous avons notamment 2 belles côtes. La première commence dans un petit village. Une voiture de police bloque presque entièrement une ruelle. Nous nous faufilons et un des policier échange quelques mots avec Michaël pour savoir d’où l’on vient et où l’on va, puis nous lance « you’re a hero ! ». C’est un peu exagéré mais ça fait toujours plaisir ! J’ai quand même mes limites et 500 m plus loin, je fais descendre Gaëtan du vélo. Il trottine un peu à côté de moi puis va rejoindre Léa pour la pousser. C’est plutôt ça, être un héros ! Et ça nous fait vraiment plaisir de les voir s’aider !
Dans la côte suivante, les garçons comptent les grains de maïs semés sur la route par les camions. Et ils en oublient que ça monte ! Pourquoi est ce que nous n’y avons pas pensé plus tôt ? Alors que nous arrivons en haut, nous tombons justement sur une moissonneuse en train de ramasser les dernières rangées de maïs. Une fois son trésor avalé, elle va rejoindre le camion stationné au bord de la route et déverse directement les grains dans la benne. Voila un nouveau camion prêt à aller semer du maïs sur la route !
Sur le plateau, nous avons à nouveau droit à de belles montagnes russes sur un enrobé tout neuf. Le paysage est magnifique : nous retrouvons du vert, des forêts et des montagnes qui se perdent dans la brume. La descente nous offre de superbes points de vue. Michaël file à toute vitesse car Mathis veut toujours aller plus vite que la fois précédente. Au début du voyage, il a écrit dans son carnet « aujourd’hui, j’ai roulé à 56 km/h ». Et depuis, quand il va plus vite, il gomme la vitesse pour écrire à la place la nouvelle valeur atteinte…
Le village au pied des falaises est tout en pente, ce qui n’est pas très facile quand on cherche un coin pour manger et que l’on tournicote un peu au hasard. Nous finissons pas tomber sur un petit parc avec une très belle fontaine bien fraîche. Et les locaux nous invitent à utiliser une table du bar fermé pour pique-niquer. Nous traînons un peu sur internet à la fin du repas lorsque nous vient l’idée de regarder la météo : aïe, il va pleuvoir dans 2h à Roman, notre destination. Nous plions les affaires en vitesse et repartons. Le ciel se couvre et quelques gouttes tombent alors que nous sommes presque arrivés. Nous équipons seulement les enfants, persuadés que nous serons bientôt installés dans un hôtel.
A l’entrée de la ville, nous apercevons un bâtiment abandonné complètement délabré. En plaisantant, nous disons aux enfants « regardez, c’est notre hôtel, ça va être bien pour planter la tente ! ». Mais nous rigolons moins un quart d’heure plus tard, quand nous nous rendons compte que le seul hôtel indiqué par Google n’existe pas ou plus !
Le temps vire à l’orage. Le ciel est noir et un gros coup de vent balaie la ville. Nous nous sommes abrités sous un noyer lorsque les premières gouttes sont arrivées. La poussière vole dans tous les sens et les noix tombent tout autour de nous (tant qu’à se faire bombarder, je remplis un sac au fur et à mesure). Par précaution, nous remettons son casque à Mathis qui dort sur le vélo. Les écoliers sont sortis de l’école et passent à côté de nous en courant pour aller chez eux, dans les cités derrière nous. Cela fait bizarre de voir les gens aller se mettre à l’abri et de ne pas être capable de faire la même chose. On se sent bien vulnérable.
Comme de petites branches sont tombées de l’arbre juste à côté des vélos, nous décidons qu’il faut bouger et nous nous mettons en quête de la mairie. Ils auront peut être un endroit à nous proposer. Finalement, nous tombons sur l’école. Un professeur pressé de prendre son bus essaye de nous donner des indications (il faut tourner 3 fois à gaucshe et ensuite redemander aux gens …). Bien qu’un peu sceptiques, nous suivons ses indications qui nous conduisent dans un petit parc. Nous ne sommes pas plus avancé. Comme il y a des commerces dans la rue, je vais demander à un homme sur le pas de sa porte. Il confirme l’absence d’hôtel et nous évite de faire 15 km pour rien (on avait trouvé une adresse en dehors de la ville mais c’est fermé).
La pluie tombe vraiment maintenant et cet homme a vraiment envie de nous aider. Il passe des coups de fils, prend même sa voiture pour aller directement voir quelqu’un mais revient bredouille. Entre-temps, nous nous sommes fait à l’idée de camper dans le parc. L’ homme n’essaie pas de nous en dissuader, assez heureux probablement de pouvoir fermer son magasin et rentrer chez lui. Je file faire de petites courses dans un magasin 100m plus loin, puis nous profitons d’une éclaircie pour monter les tentes au sec et lancer la popote. Les pâtes sont presque cuites quand il se remet à pleuvoir. Les enfants dînent dans la tente (ils adorent) et nous restons dehors (on préfère ne pas voir les spaghettis à la sauce tomate tomber dans la tente !). Vu la météo, il n’y a pas grand monde qui traîne dans le parc. Personne ne vient nous déranger et nous passons une très bonne nuit. Il fallait bien quelque chose de spécial pour le centième jour du voyage !
Mardi 22 septembre : la journée des extrêmes. Après le réveil dans le parc, la soirée dans un hôtel avec jacuzzi presque rien que pour nous !
Nous sommes réveillés par le brouhaha des enfants qui traversent le parc pour aller à l’école. Nous restons bien tranquillement dans nos duvets sans faire de bruit et aucun d’eux ne vient passer la tête par la porte de la tente pour voir qui a bien pu dormir ici.
Un timide soleil a remplacé la pluie. Les enfants sont en forme et pas du tout traumatisés d’avoir dormi dans un parc. Bien sûr, ils savent bien que ce n’est pas une situation tout à fait normale mais ils ne s’en formalisent pas plus que ça. Les allées du parc sont pleines de débris, feuilles, branches cassées et la balayeuse attend patiemment que nous quittions les lieux pour finir de nettoyer notre coin. Nous nous posons un moment dans un café histoire de nous réchauffer un peu et d’ accéder à des toilettes. Michael commande un chocolat et on lui demande s’il le veut noir ou blanc. Etrange ! Il prend blanc et on lui sert un chocolat chaud fait avec du chocolat blanc !
Le long de la route, nous apercevons au loin un troupeau de chevaux. Ceux-ci nous observent venir vers eux puis s’éloignent au petit trot. Ils sont magnifiques dans ce paysage vallonné. Léa me demande, pour la énième fois du voyage, si on pourra un jour, faire un voyage à cheval toutes les deux … Limite elle voudrait fixer la date dès maintenant !
Jolie montée au milieu des sapins, belle descente avec les montagnes en toile de fond. Nous nous arrêtons dans le petit village de Gorna Kremena pour pique-niquer. Il y a juste une petite épicerie mais nous y trouvons de quoi faire un bon repas. Les enfants sont tellement fan du jus de fruit à la banane qu’ils retournent s’en acheter au magasin (pas évident quand on ne parle pas la langue mais ils reviennent tout fiers). Le soleil est au RdV et je m’offre un petit café au distributeur en face. Il y en a des distributeurs peu partout en Bulgarie et parfois vraiment dans des endroits improbables. En tout cas, celui-ci est le bienvenu car j’ai bien envie de lézarder au soleil ce midi !
Nous arrivons à Mezdra, notre destination du jour en milieu d’après midi. Il y a un seul hôtel en ville et c’est un hôtel 4 étoiles. Michaël nous avait dit que l’hôtel avait une piscine mais nous ne nous attendions pas à un tel niveau de luxe ! Si je m’étais doutée, j’aurais écourté ma pause café ! Les chambres sont immenses, avec des balcons qui surplombent une grande piscine et des peignoirs moelleux qui n’attendent que nous. Michaël et les enfants sautent dans leur maillot de bain. Que l’eau soit froide ou pas, ils s’en moquent. De mon côté, je m’installe tranquillement au soleil sur le balcon. Mais je suis vite dérangée par les enfants qui m’appellent : « maman, il y a un jacuzzi sous la piscine !!! ». Allons bon, un jacuzzi, ça change tout ! C’est Michael qui vient de faire cette formidable découverte. Il faisait tranquillement des longueurs dans la piscine quand il a vu des gens à travers les vitres qui sont au fond du bassin. Par certaines ouvertures, on peut voir les tables du restaurant et par d’autres un petit bassin qui ressemble bien à un jacuzzi.
Je file me renseigner à l’accueil et la réceptionniste (qui n’a pas grand chose à faire) me propose une visite guidée de l’hôtel : je découvre un joli salon/bar, une salle de jeu pour les enfants et un grand espace spa avec hammam, jacuzzi, salle de repos au sel, seau d’eau glacé et même une « ice room » (une chambre froide, drôle d’idée). Et il n’y a absolument personne ! C’est quand même bizarre qu’elle ne nous l’ai pas dit à notre arrivée !
Je m’installe dans un jacuzzi avec les enfants qui s’empressent d’appuyer sur tous les boutons pour voir ce que ça donne. Finalement, j’installe les enfants dans un jacuzzi et je prends l’autre … C’est sympa de barboter dans l’eau chaude et de voir passer de temps en temps des nageurs au dessus de sa tête !
Petit passage au hammam, puis le traditionnel seau d’eau froide. Je n’aime pas me baigner dans l’eau froide (sauf si c’est l’océan avec des vagues) mais j’adore le concept du seau d’eau (à condition que ce soit moi qui tire sur la corde !).
Le temps passe vite et c’est déjà l’heure d’aller manger. Le repas est inclus dans le prix de la chambre et le menu est assez simple. Néanmoins, c’est assez perturbant d’être assis à table avec une nappe blanche et des serveurs alors qu’hier, on mangeait debout dans un parc sous la pluie en se demandant si la police allait venir nous demander de plier bagage … La vie est pleine de surprise !