Ce matin, nous libérons les chambres et nous prenons le train avec Spas pour rejoindre Slivnitsa, où se trouvent nos vélos.
Les vélos sont dans un petit appartement qui appartient à la famille de Spas et qui est occupé par des cousins. Comme nous n’avons pas trouvé de moyen de transport pour aller les chercher, nous y allons avec toutes nos affaires et nous partirons directement de là-bas en vélo pour une petite remise en selle de 25km. Vendredi, Georgi nous a rapporté la pompe à vélo que nous avions laissée chez lui mais nous avons oublié de lui demander aussi les casques de vélo. Léa est toute stressée de savoir qu’elle va faire du vélo sans casque.
La gare n’est pas loin mais nous arrivons tout juste 5 minutes avant le départ du train. Il faut dire que nous ne marchons pas vite avec les affaires à porter (nous avons tout de même gardé 6 sacoches) et Gaëtan est de nouveau brûlant (pas de bol, il allait beaucoup mieux la veille). Vu l’heure, la guichetière ne peut plus nous vendre de billet et nous filons sur le quai juste à temps pour sauter dans le train. Le trajet n’est pas long mais cela nous permet de discuter un peu avec Spas. Nous le connaissons à peine mais il est très agréable. Il a fait une partie de ses études en France et parle très bien français. Il est très au fait des élections présidentielles française et parle volontiers de politique. C’est intéressant par exemple, pour la suite de notre voyage, de savoir comment la guerre en Ukraine est perçue en Bulgarie.
Nous arrivons à Slivnitsa. Encore un peu de marche et nous voilà devant l’immeuble où se trouvent les vélos. J’ai souvent pensé à ce moment et je suis contente que les choses se présentent bien. Les enfants attendent en bas pendant que je monte avec Michaël et Spas dans l’appartement. Les 2 tandems sont chacun dans une pièce et le vélo de Léa est sur le balcon. Seule la grand-mère est là et elle ne semble pas très en forme. Comme de toute façon nous ne comprenons rien aux échanges entre Spas et la grand-mère, nous contentons de descendre les vélos en bas. Les pneus sont bien dégonflés mais à par ça, ils sont en bon état. Puis Michaël remonte chercher les affaires qu’il avait enlevé des vélos (notamment les sièges avant qui avaient besoin de sécher) et stockées dans un sac. C’est là que les choses se compliquent. Le sac est introuvable.
Le problème, c’est qu’il nous manque les assises en maille qui se mettent sur les armatures à l’avant pour faire le siège des enfants. Du coup, impossible de repartir en vélo. Spas essaie de joindre son oncle qui travaille aujourd’hui. Lui saura à coup sûr où sont les affaires manquantes. Nous patientons donc en bas, sur les marches de l’immeuble. Les enfants jouent avec un chat, Mic regonfle les vélos … Une vielle dame passe devant nous pour aller s’acheter à manger. Elle revient toute essoufflée et fait une pause à mon niveau pour me faire la conversation. J’ai beau lui dire que je ne parle pas bulgare, elle continue (c’est peut être parce que je l’ai dit en anglais puis en français). Mais c’est souvent comme ça, avec les personnes âgées, elles se disent peut être qu’au bout d’un moment, on va finir par comprendre !
Spas nous annonce que son oncle ne rentre que ce soir et qu’il n’est pas joignable sur son lieu de travail.
Spas n’avait manifestement pas compris que nous étions coincés sans les sièges des vélos. Quand il réalise que les enfants ne peuvent pas s’asseoir, il est bien embêté. Puis il nous propose de rentrer à Sofia en train avec Mathis et Gaëtan, puis de venir à Bankya en bus pendant que nous faisons le trajet en vélo avec Léa. Je ne suis pas fan de cette option, surtout avec Gaëtan malade. Et il n’est pas question non plus de reporter le rapatriement des vélos au lendemain car la météo est catastrophique (pluie, limite neige toute la journée). Faire courir les enfants à côté des vélos ? Marcher en poussant les vélos ? Bof. Et pourquoi pas sur le porte bagage ? Avec les sacoches que nous avons, et en mettant au milieu un sac rembourré avec des vêtements, on peut faire un siège à la fois stable et confortable. Mathis et Gaëtan font chacun un essai : c’est validé !
Il est presque midi lorsque nous quittons Slivnitsa avec nos étranges vélos. Ils ne ressemblent vraiment à rien avec leur grande armature vide devant, la petite roue très éloignée du guidon, et à l’arrière, des enfants assis sur les sacoches !
Nous nous retrouvons très vite dans la campagne. Le soleil, le ciel bleu, les arbustes couverts de fleurs blanches et les montagnes enneigées en toile de fond. Ah, que l’on est bien sur son vélo !
Heureusement que nous ne sommes pas trop chargés car je dois pédaler seule. Comme le tandem n’est chargé qu’à l’arrière, il est beaucoup moins stable et je zigzague un peu. Mais nous avons tout notre temps car Rumi et Georgi ne rentrent pas chez eux avant 17h.
Pour une fois, c’est Mathis qui est avec moi et il s’amuse à faire le GPS en m’alertant sur tout ce qu’il peut apercevoir : « un trou signalé sur votre trajet, un camion signalé sur votre trajet, un panneau « priorité » signalé sur votre trajet … ». Une vraie pipelette !
Après la campagne, nous avons 7km de 2×2 voies. Heureusement, il y a peu de circulation et la plupart des véhiculent se décalent sur la voie de gauche en nous voyant. Après le pique nique à Bozhurishte, nous finissons notre parcours à travers champs avec une belle vue sur la banlieue de Sofia. A Bankya, nous nous retrouvons en terrain connu et nous nous installons dans le jardin de Rumi et Georgi en attendant leur retour. Les enfants se ruent sur le trampoline et le toboggan, les grenouilles chantent au fond du terrain.
Soirée cassoulet !
Nous sommes là depuis à peine 20 minutes lorsque la petite famille est de retour. Les enfants, Vladi et Katherina étaient à un anniversaire et prolongent un peu la fête avec les voisines. Mic s’installe pour mettre les pneus neufs que nous avons rapporté de France (les pneus arrière des tandem sont bien usés) et nous prenons des nouvelles de Rumi et Georgi. Pour les enfants, il faudra attendre le soir pour que les premiers échanges se fassent. La barrière de la langue est un peu plus difficile à passer, mais Léa et Vladi arrivent à se dire quelques mots en anglais et espagnol.
Pour le repas du soir, nous avons apporté du confit et du cassoulet. Et pas n’importe quel cassoulet, celui du restaurant Emile, à Toulouse ! Gros succès ! Georgi apporte une petite variante en ajoutant de la sauce pimentée maison aux haricots, c’est pas mal du tout !
Pendant que les enfants s’installent à l’étage pour jouer à Carcasonne, nous étudions tous ensemble le trajet que nous avions imaginé pour rejoindre la frontière grecque. Nous en avions déjà parlé avec Véra qui nous avait conforté dans le choix d’aller à Plovdiv et Batak. Georgi et Rumi confirment aussi que c’est un itinéraire sympa mais ils nous font complètement changer la route entre Sofia et Plovdiv. Au lieu de passer par le sud de Sofia et de prendre une route au sud de l’autoroute A1 (itinéraire sur une route offrant peu de visibilité et où les gens roulent vite), ils nous conseillent de passer dans le centre ville de Sofia et de rester au nord de la A1. Adjugé ! Ce sera plus calme, un peu plus long, mais au pied des montagnes et avec un peu de dénivelé plutôt que de la plaine.
Dimanche pluie et neige, soirée électorale et Spas qui ne vient pas.
Comme prévu, il pleut ce matin. Nous dégustons les petits scones au fromage préparés hier soir par Rumi en regardant un écureuil sauter de branche en branche. Les enfants jouent tous ensemble puis Vladi et Katherina s’en vont vers 10h faire des activités avec leur père. Rumi est partie tôt car elle a un cours à suivre à Sofia. Depuis septembre dernier, elle est en master et étudie presque tous les dimanches. Nous avons donc la maison pour nous seuls.
Nous cherchons à avoir des nouvelles de Spas, mais il est difficile à joindre. Finalement, il nous appelle et nous convenons qu’il va venir nous apporter les affaires ce soir, vers 22h car son oncle ne rentre qu’à 21h30.
La pluie vire à la neige. L’ écureuil a disparu, les grenouilles ont du retourner hiberner. Nous ajustons les contenus des sacoches pour que cela soit le plus pratique possible. L’idée est d’avoir des sacoches à thème et de ne pas avoir besoin de tout ouvrir lorsque nous ne campons pas. Il faut aussi que les affaires dont on peut avoir besoin en pique-nique soient facilement accessibles (donc elles doivent être sur mon vélo, car sur celui de Mic, il faudrait enlever les tentes, matelas et duvets pour avoir accès aux sacoches en dessous). Si possible, j’équilibre les sacoches en poids (et je mets les plus lourdes à Mic !). Bref, beaucoup de préparation pour ensuite gagner du temps chaque jour.
La journée s’écoule tranquillement. A 21h (heure française + 1h), nous nous connectons pour écouter les résultats du premier tour des élections. Ce moment restera gravé dans nos mémoires, non pas pour le résultat (prévisible et décevant à la fois), mais pour l’ambiance à ce moment là, assis dans la cuisine, loin de chez nous.
Minuit, toute la maison est endormie et nous attendons toujours dans la cuisine. Spas n’est toujours pas là et ne répond ni à nos messages, ni à nos appels. C’est un peu pénible d’attendre sans savoir ce qu’il se passe. Tans pis, nous allons nous coucher.