Dimanche 24 avril : à l’assaut de la montagne pour rejoindre Yundola.
La journée est magnifique et les clients de l’hôtel ont envahi la terrasse. Pour ce dimanche de Pâques, il y a des œufs durs multicolores au petit déjeuner ! Pour une fois, nous arrivons à l’ouverture du buffet et surprise, il y a des fraises (ça a des avantages de se lever tôt). Le petit déjeuner proposé par l’hôtel est assez gras : charcuterie, fromage, beignets et tartines frites et imbibées d’huile. Mais il y a aussi des tomates, du concombre et des olives. Alors tous les matins, Léa et moi dévorons d’énormes salades schopska (mais pas sûr que ça nous aide à grimper la montagne).
Avec tout ça, nous ne décollons qu’à 9h30. Mais cette fois-ci, il n’y a rien à craindre côté météo, on a déjà pris un coup de chaud rien qu’en chargeant les vélos. Il nous faut 4km pour traverser la ville, ce qui fait un petit échauffement avant d’attaquer les 15km de montée.
Il n’y a pas beaucoup de circulation et les automobilistes qui nous aperçoivent nous font de petits coups de klaxons d’encouragement. Et on en a bien besoin car ça grimpe dur ! A tel point qu’à un moment, que je passe en mode bike and run : Léa descend du vélo (30kg en moins quand même !) et trottine à côté de moi. Elle n’a pas trop de mal à me suivre vu que je passe de 4km/h à 5km/h ! Mais comme je vais plus vite avec moins d’effort, ça vaut quand même le coup.
Nous apercevons enfin des villages à travers les arbres. Yundola (notre point culminant à 1400 m d’altitude) n’est pas loin. Nous nous attendions à arriver dans une petite station de ski mais la route passe juste au bord de quelques maisons. En fait le village est assez éparpillé. Nous nous arrêtons juste un instant au marché des producteurs de miel. Cela fait un moment que les enfants en voulaient mais j’attendais que l’on ait fini les grosses montées pour charger les sacoches. L’offre est très variée : nous prenons un pot avec un rayon de miel et un autre rempli de noix, amandes et cajous.
Comme souvent, la descente se fait un peu désirer et il nous faut passer encore quelques bosses avant de commencer à faire chauffer les freins. Nous faisons une pause pour refaire le plein à une fontaine. C’est l’occasion d’échanger quelques mots avec une famille polonaise/bulgare. Le mari, originaire de Vélingrad, nous explique que la ville de son enfance a bien changé. Il y a 30 ans, il n’y avait pas tous ces hôtels qui accaparent les sources d’eau chaude. Il nous parle de sa grand mère qui allait faire cuire ses œufs directement dans les eaux chaudes, dans la rue. Une autre époque.
Après une magnifique descente dans les forêts de sapin, nous débarquons dans une vallée verdoyante. Dans les petits villages, les minarets ont remplacé les dômes des églises orthodoxes. Une grande partie de la population est musulmanes et nous apercevons de nombreuses personnes au travail dans les champs (ce sont souvent des couples qui préparent de petites parcelles pour la semence). Egalement de nombreux troupeaux de moutons, toujours accompagnés de leur berger.
Au loin, de grandes montagnes enneigées resplendissent sous le soleil. Il s’agit probablement de la chaîne de montagne qui fait la frontière entre la Bulgarie et la Grèce (les enfants s’inquiètent de savoir par où on va traverser !!!)..
Il n’y a pas beaucoup d’hôtel dans le coin et celui que nous avions repéré est complet pour ce dimanche de Pâques. Nous poussons donc jusqu’à la ville suivante, 15km plus loin et arrivons devant un hôtel/restaurant en travaux. Heureusement, le propriétaire est en train d’y travailler. Il nous fait ouvrir 2 chambres puis rentre chez lui. Nous sommes seuls dans l’hôtel. Les chambres sont un peu froides mais il fait super bon sur le grand balcon et nous y installons notre cuisine. Et les enfants profitent qu’il n’y ait personne dans les alentours pour chanter à plein poumon du Joe Dassin (zaï zaï zaï zaï !!!).
Lundi 25 avril : étape de descente au milieu des collines.
Aujourd’hui, le profil de l’étape est franchement descendant. Nous continuons dans la vallée au milieu des collines. Les sapins disparaissent peu à peu et les forêts de feuillus (jusque là encore assez grises/marrons) se parent d’un magnifique vert tendre. C’est aussi le pays des cigognes. Il y a des nids un peu partout et c’est l’époque de la couvaison.
Nous avons laissé les grandes montagnes enneigées sur notre droite et devant nos roues, c’est une mer de collines. A chaque instant, je m’attends à voir la route grimper sur une bosse mais miracle, virage après virage, les collines semblent s’écarter pour nous laisser passer !
Nous pensions nous arrêter dans un petit restaurant en bord de route mais l’occasion ne se présente pas. Tant pis, nous finissons les fonds de sacoches à l’ombre au bord d’une fontaine.
Arrivée vers 16h dans la dernière grande ville avant la frontière grecque. Comme nous ne sommes pas sûr de trouver un hôtel plus loin, c’est ici que nous nous arrêtons pour la dernière nuit en Bulgarie. Pendant que Michaël fait un petit entretien des vélos, je vérifie les conditions d’entrée en Grèce. Mince, il nous faut un test pour les enfants ! En Bulgarie, toutes les restrictions ont été levées et on ne pensait plus trop en mode covid depuis 2 semaines. En Grèce, les restrictions devraient s’alléger au premier mai mais en attendant, c’est test obligatoire à l’entrée à partir de 5 ans pour les non vaccinés. Heureusement, il y a un laboratoire dans la ville. Il faut juste attendre demain car nous sommes le lundi de Pâques, c’est donc fermé !
Mardi 26 avril : passage de frontière (pas gagné avec un test positif pour Mathis !)
Aujourd’hui, programme chargé : nous prévoyons une étape de 71 km, avec 650 m de dénivelé, un passage au laboratoire pour faire les tests antigéniques et un passage de frontière !
Le laboratoire est à 2,5 km de l’hôtel. Nous y allons en vélo, en emportant juste le petit déjeuner, comme ça, nous pourrons manger le temps d’attendre les résultats.
Les tests antigéniques ne coûtent pas chers ici (environ 10 euros, du coup, il nous reste plein de lévas à dépenser !). Nous passons tout de suite (5 minutes après, le laboratoire s’est complètement rempli !). Quand je vois la façon dont la laborantine réalise le test, je ne suis pas inquiète pour le résultat, elle chatouille juste le début de la narine. Aussi, je tombe des nues quand la secrétaire m’annonce que Mathis est positif ! Bon, c’est vrai qu’on est tous enrhumé depuis une dizaine de jours et que le goût et l’odorat ne sont pas nos points forts ces derniers temps mais de là à avoir la covid … La secrétaire me fait signer un papier en bulgare (j’imagine que c’est un engagement à se confiner). Mais je demande aussitôt à faire un deuxième test de confirmation. Elle est dubitative mais elle accepte. Cette fois-ci le test est réalisé un peu plus en profondeur. Les enfants se voyaient déjà retourner à l’hôtel pour une journée de repos mais ce sera pour une autre fois car le deuxième test est négatif. La secrétaire s’excuse et refuse que je la paie. Pourtant, cela aurait été avec joie, tellement je suis soulagée que Mathis soit négatif ! Nous sommes tellement contents qu’au retour, nous passons au supermarché acheter des pains au chocolat et des bonbons !
Avec tout ça, nous ne sommes pas en avance pour notre grande journée de vélo ! Départ 10h45, il va falloir appuyer sur les pédales. La frontière est à 17km d’ici et nous avons 2 petites montées pour y arriver.
La route est presque déserte et nous sommes vraiment contents d’avoir choisi ce poste frontière pour arriver en Grèce (il y avait une route plus directe depuis Sofia mais c’est une sorte d’autoroute et on nous a dit qu’elle était vraiment dangereuse). A quelques km de la frontière, nous apercevons une voiture de police bulgare qui vient de se garer de l’autre côté de la route. Elle nous a doublé tout à l’heure, en plein milieu de l’ascension. Alors que Michaël arrive au niveau de la voiture, un policier sort et traverse la route pour venir lui parler. Il est tout simplement curieux de savoir d’où nous venons et où nous allons. Détail amusant, il nous demande si on fait ce genre de chose tous les ans !!! Pendant qu’il fait diversion, sa collègue nous prend en photo.
Le poste frontière bulgare se trouve juste après, pile au sommet de la colline. C’est un simple contrôle des passeports puis nous nous engageons dans un tunnel en descente pour rejoindre le poste frontière grec. La démarcation officielle entre les 2 pays se trouve donc dans le tunnel !
Le passage du poste frontière grec est un peu plus long avec examen des tests covid (on sent que c’est un sujet sérieux) et nous voici enfin en Grèce. Malgré les estomacs qui gargouillent nous pédalons encore un peu jusqu’à un village. De toute façon les champs autour de nous ne donnent pas trop envie de s’arrêter.
Une dernière montée pour la digestion et enfin, nous attaquons la descente. La montagne autour de nous est moins jolie que côté bulgare. Il y a de nombreuses petites carrières qui égratignent les pentes et la végétation est moins majestueuse. Une fois dans la plaine, nous avons encore 20km à faire pour rejoindre Drama. 20km de ligne droite, au bord d’une route assez fréquentée et sans charme où les champs alternent avec des entrepôts et des casses de voiture. Mais de temps en temps, le doux parfum d’un lilas ou d’une glycine nous enveloppe (pour ceux qui ont encore un peu d’odorat) et les coquelicots illuminent les bas côtés. Merci la nature !
Enfin, nous arrivons à Drama où nous logeons dans un appartement en plein centre ville (avec un box entier pour stocker les vélos). La déco est assez amusante et nous avons une douche avec un bac et un rideau ! Le luxe !
Nota : on ne vous a jamais parlé des douches bulgare ? Elles sont souvent en plein milieu de la salle de bain, entre le lavabo et les toilettes, avec juste une évacuation dans le carrelage. Pas de rideau ou de bac. Autant dire qu’après la douche, tout est trempé ! (pensez à planquer le papier toilette 😉