Vendredi 29 avril : Sauvetage de tortue, plage et source chaude. Une bien belle journée
Après notre tour matinal dans la vieille ville et la sortie jusqu’en haut de l’aqueduc avec les enfants, nous revoici sur les vélos. Petit crocher dans Kavala par un magasin de vélo histoire de racheter des attaches rapides pour la chaîne. Vu le prix, on se dit qu’on aurait mieux fait de les acheter en Bulgarie !
Aujourd’hui, nous suivons la route du bord de mer. C’est plutôt calme car il y a une route plus directe à l’intérieur des terres. La côte présente des criques, des anses de sable, des promontoires rocheux et de petites stations balnéaires. Ca monte, ça descend, mais rien de bine méchant. J’ai repéré une plage à 27km de Kavala : un objectif parfait pour le pique nique.
La route s’éloigne un peu du bord de mer pour traverser des champs d’oliviers et de petits vignobles. Les rangs de vigne sont non seulement irrigués par du goutte à goutte, mais une grande partie des plants sont protégés par de grands filets (pour l’ombre ou pour la grêle ?).
Alors que nous faisons demi tour pour prendre une bifurcation qui va nous ramener vers la mer, Léa s’écrit : j’ai vu une tortue sur la route ! Je ne suis pas surprise car j’ai vu une crêpe de tortue peu de temps avant (mais je n’avais rien dit pour ne pas peiner les enfants, on voit tellement d’animaux morts sur les routes …). Léa descend en vitesse du tandem et file ramasser la petite tortue qui avançait péniblement au milieu de la route (à cet endroit, la route est assez large et un peu plus passante). La tortue s’est complètement retranchée dans sa carapace mais elle est quand même bien mignonne. Nous la déposons un peu plus loin, dans un coin plus tranquille.
Nous avons retrouvé la mer mais pas la fameuse plage. Gaëtan surveille le compteur et se dit qu’on devrait déjà y être. Après vérification, on l’a dépassé depuis plusieurs km. Pas question de faire demi tour, nous prenons le premier accès vers la mer que nous apercevons. Ce n’est pas la plus belle plage du monde mais au moins, nous y sommes tranquille. Une seule voiture se trouve garée là et elle appartient à un couple qui revient les bras chargés de gros sacs poubelles. Ils viennent de nettoyer la plage ! Félicitation !
A peine sont ils partis qu’une autre voiture descend le sentier. Au départ, je les prends pour des pécheurs, en les voyants enfiler de grandes cuissardes, mais l’homme vient nous voir pour se présenter : ils font partit d’un centre de recherche et étudient la qualité de l’eau. Ils viennent faire des prélèvements. Ca leur prend un bon moment : ils relèvent un casier, prennent des photos (sous l’eau) et prélèvent des algues. Alors, elle est comment cette eau ? « De bonne qualité » me dit la femme avant d’ajouter, en guise d’explication « il n’y a personne qui vient ici » …
De retour sur la route, la journée nous réserve encore quelques surprises. Alors que nous roulons sur une route un peu en surplomb de la mer, Léa déchiffre le mot « thermal » sur un panneau (auquel personne d’autre n’avait prêté attention). On s’arrête pour regarder sur internet et nous trouvons en effet l’indication d’une source chaude à 2km d’ici. Et par chance, quelqu’un a posté un commentaire pas plus tard qu’hier pour expliquer que le site est à l’abandon mais que des bassins sont toujours accessibles. Les indications sont très précises et nous sommes assez curieux de voir à quoi cela peut bien ressembler. Il est 15h, pourquoi ne pas faire un petit détour ?
Lorsque nous arrivons au niveau du portail, il y a quelques voitures garées à l’extérieur. Pas de risque que les gens passent en voiture, le portail a été renforcé par une barricade de branchages mais nous pouvons passer sur le côté avec les vélos. Les bâtiments sont en effet complètement à l’abandon (et ça ne date pas d’hier). Par ci par là, des gens profitent du soleil et ne semblent pas étonner de nous voir passer. Petite ambiance de squat mais juste pour la journée. Au bout d’un chemin nous trouvons un petit bassin avec une dizaine de gens qui barbotent. Trop cool ! Finalement, les maillots qui n’ont pas servi ce midi à la plage vont servir ici ! L’eau est à environ 35 degrés et comme il fait bon aujourd’hui, on a vite chaud dans notre grande baignoire.
Il est temps de repartir. Pour être franc, si on avait eu de quoi manger ce soir, on aurait pu faire ici notre premier bivouac mais malheureusement, les sacoches sont vides (snif). Nous reprenons donc la route et retrouvons un peu plus loin le bord de mer. La côte est bordée de maisons secondaires et une voiture sur deux est immatriculée en Bulgarie ! Et voilà que nous croisons un panneau « Pectopath » (restaurant en bulgare). Mais toujours pas d’épicerie.
Il commence à faire frais et l’idée de camper s’éloigne peu à peu. Nous arrivons enfin dans une petite station balnéaire. Le camping est fermé (la saison n’a pas encore vraiment commencé) mais c’est le weekend et les hôtel sont pleins. Après plusieurs refus, un gérant finit par nous proposer une chambre avec un lit double et un lit gigogne. Banco, nous sommes trop heureux d’y entasser nos sacoches !
Samedi 30 avril : petite étape au bord de la mer et enfin des cyclo randonneurs !
Départ sous un ciel gris et les regards étonnés des gens qui prennent leur petit déjeuner en terrasse. Nous bifurquons sur un chemin de terre au milieu des champs d’oliviers et d’amandiers. Les buissons de tamaris en fleurs sont un paradis pour les abeilles.
Nous revenons sur la route quasiment déserte (l’autoroute ne passe pas très loin et capte tout le trafic). C’est alors que nous apercevons des vélos qui viennent vers nous. Echange de « Hello ? Where are you from ? France ! Nous aussi ! On s’arrête ?! » et on se retrouve tous sur le bas côté. Ce sont des étudiants qui sont partis de Nîmes et font un très grand tour d’Europe avec, sur leur trajet, la découvertes de projets en faveur de l’environnement. Ils vont notamment aller voir quelqu’un qui fait des machines agricoles à pédale ! (on peut les suivre sur instagram en cherchant Velowtech). Nous leur passons l’info sur les sources thermales et chacun reprend sa route.
De retour sur le bord de mer, nous cherchons un coin pour pique niquer lorsque nous tombons sur un autre cyclo randonneur (en solo cette fois). Encore un français ! Maxime est parti pour 4 mois de vélo et cela fait déjà un mois qu’il est en Grèce car il est en mode tourisme (il est passé par tous les sites classés Unesco du continent, il ne lui manque que Philippi). Cela fait plaisir de rencontrer enfin quelqu’un qui prend son temps et navigue en mode carpe diem ! Il connait d’ailleurs déjà le bon plan des thermes et a prévu d’y bivouaquer. Je le questionne sur les sites antiques qu’il a préféré. Notre trajet n’est pas figé et les expériences des autres voyageurs sont toujours intéressantes.
Nous avons juste eu le temps de pique niquer avant que quelques gouttes de pluie ne viennent nous offrir un bon prétexte pour louer un mignon petit appartement à 5 km de là ! C’est vrai qu’on n’était pas motivé plus que ça de réitérer l’expérience d’hier soir. On s’était dit que si le soleil revenait, on irait manger une glace à la plage. Mais finalement, on a plutôt bu du thé en regardant la pluie tomber !
Dimanche 1er mai : de lac en lac au pays des coquelicots.
Ce matin, il fait un peu frais et le ciel est couvert. Nous faisons tout de même des courses en considérant que ce soir, on sera en mode bivouac. La famille Odysséebus (rencontrée via le groupe Whatsapp Fam’s Balkan) nous a en effet indiqué un endroit où camper à 60km d’ici, pile sur notre trajet, ce qui nous arrange car il n’y a vraiment pas grand chose pour loger dans le coin.
Nous avons à peine quitté le supermarché qu’un grec garé sur le bas côté nous fait signe de nous arrêter. Il vient de nous doubler en nous faisant de nombreux signes d’encouragement et a envie d’en savoir un peu plus sur notre voyage. C’est un professeur d’économie à la retraite qui fait lui même un peu de vélo (même s’il trouve ça dangereux en Grèce, à cause des chiens !). Une chose le surprend (et ce n’est pas la première fois qu’on nous pose la question depuis que nous sommes en voyage), c’est le fait que l’état français autorise les parents à faire l’école aux enfants. Il y a beaucoup de pays où ce n’est pas permis (ce qui empêche tout voyage des familles !). Merci la France !!! Dans un reportage à la télé, il a déjà vu une famille française faire l’école aux enfants lors d’un tour du monde en bateau. « Avec vous, ça fait 2 ! ».
Nous avons tourné le dos à la mer et roulons vers un premier lac. Les champs en jachère qui bordent le lac de Limni Volvi sont couverts de coquelicots. A tel point que nous finissons par nous arrêter pour aller prendre des photos aux milieu des fleurs. Plus loin, les coquelicots se sont mélangés avec les pâquerettes. C’est magnifique, mais Léa râle que l’on s’arrête trop souvent pour prendre des photos et que ça fait chuter sa moyenne !!! (merci tonton Juju pour le compteur ;))
Nous passons quelques maisons où les gens se sont réunis en famille pour le premier mai. Il y a de grandes tablées dans les jardins et ça sent bon la viande grillée. Par contre, nous ne sommes pas trop fan de la musique grecque !!!
Pour rejoindre le deuxième lac, nous prenons de petits chemins en terre où nous finissons par nous ensabler. Alors que nous poussons les vélos, une bande de chien sort en courant d’un terrain et vient nous aboyer dessus. Mais ils font juste beaucoup de bruit. Dès que je m’arrête pour leur parler, ils reculent vite de quelques mètres !!!
Le soleil a enfin fait son apparition et ça tombe bien car nous passons devant un vendeur de glace ! (un peu plus et nous évitions le village en prenant la grande route !). La route aussi a bien chauffée et des dizaines de lézards viennent se prélasser sur le bitume. Ce sont de gros lézards vert fluo. Il doit aussi y avoir des serpents car on en voit beaucoup sur la route, mais plutôt à l’état de crêpe …
Enfin, le deuxième lac est en vue. Il est beaucoup plus petit et nous trouvons sans peine le lieu de bivouac. Il y a un parking avec un accès à l’eau et l’électricité (pratique pour les gens en camping car) mais nous préférons nous installer un peu plus loin, dans l’herbe. Les enfants sont vraiment contents de camper et se battent presque pour monter les tentes !
Il commence à faire frais et humide vers 18h30 et nous mangeons en vitesse un plat de pâte avant d’envoyer les enfants dans leur tente (où ils jouent aux cartes). Pour cette première nuit dehors, ils sont tout excités. Pas facile de les faire se coucher lorsque la nuit tombe !
Lundi 2 mai : de l’autre côté de la colline, il y a la mer et Thessalonique
La nuit a été fraîche et humide. Mais je suis la seule à avoir eu un peu froid. Nous avons de bons duvets mais nos tentes sont plutôt faites pour l’été. En rajoutant une paire de chaussettes et une polaire, la nuit s’est bien terminée.
L’étape est courte (23 km) mais il y a une bonne grimpette qui commence dès les premiers coups de pédale. La pente est vraiment raide et Léa met pied à terre assez rapidement. Mic et moi déposons les garçons et les enfants font 4 km de montée à pied. En haut, la vue sur le lac et les environs est vraiment sympa. La journée du 2 mai est exceptionnellement fériée (le 1er mai tombant un dimanche) et sur notre trajet, nous apercevons régulièrement des gens qui se promènent les bras chargés de lilas ou même de coquelicots. Mais pour nous, voyageur de la lenteur qui avons le temps de tout regarder, les bas côtés sont aussi composés de bouteilles en plastiques (80%), gobelets de café et canettes abandonnées …
Pour la descente vers Thessalonique, nous prenons une petite route qui serpente dans la forêt et nous débarquons dans la ville juste au niveau de la forteresse de l’Heptapyrgion. Nous posons nos vélos au pied des murailles et faisons rapidement le tour du fort. C’est une balade populaire et il y a foule sur les rochers qui surplombent la ville. Il y a aussi des acacias en fleur et c’est l’occasion de faire une belle cueillette (pas pour faire un bouquet mais pour les manger !!!).
Des morceaux de murailles partent du fort et descendent vers la ville. Nous les longeons un moment et passons dans de toutes petites ruelles. Enfin, nous approchons du niveau de la mer. Notre appartement est en plein centre, vers la rotonde. Il est parfait (moderne, lumineux et confortable) mais nos craintes concernant les vélos se confirment : impossible de les mettre dans l’ascenseur (une vraie antiquité qui n’est même pas fermée sur les 4 côtés !). Et l’appartement est au 6ième … Heureusement, il y a aussi une sorte de demi-étage en sous sol avec de le place dans le couloir. Nous les casons dans un coin en espérant que cela ne généra pas les voisins.
Nous mangeons en vitesse (il est déjà 15h) et nous nous mettons en route pour le bord de mer. Au passage, nous jetons un coup d’œil à la rotonde, l’arc de galère et le palais, un énorme ensemble architectural au cœur de la rue piétonne (un peu comme à Plovdiv). Mais nous regarderons ça de plus près demain car aujourd’hui, nous avons RdV à la tour blanche avec une famille française qui voyage en bus (ils sont 7 et s’appellent odysséebus !). Nous nous sommes ratés au lac (à un jour près) mais ils prolongent leur séjour à Thessalonique pour cause de panne sur le bus. Détail amusant : pour notre RdV, nous sommes piétons et ceux sont eux qui débarquent à vélo (leur bus est à 10km de là) ! Nous partons tous les 12 le long de la promenade. L’endroit est censé être agréable et bien aménagé mais la météo n’est pas avec nous et il commence à bruiner. Mais il n’y a pas que les gouttes d’eau qui tombent, Gaëtan perd une dent de lait qui tombe sur le sol en pierre et que nous ne retrouverons pas ! Nous nous abritons à la terrasse d’une pâtisserie (il y avait aussi un objectif « goûter » à la ballade) et passons un agréable moment à discuter. Mais l’heure tourne vite et c’est déjà le moment pour eux de repartir.
Je erre un moment avant de trouver enfin une minuscule épicerie ouverte et miracle, il y a tout ce que je cherchais : du lait, des œufs, du sucre glace et de la farine ! Nous allons pouvoir faire nos beignets d’acacia ! Une pensée pour Odysseebus qui a du refaire 10km sous le crachin. Merci d’être venu jusque dans le centre pour nous voir !