Lundi 13 juin : il y a un an, nous commencions notre voyage !
Ce matin, en me réveillant à 8h dans un logement endormi, je ne pense pas à cet anniversaire. Je saute du lit et je file faire un tour dans la ville. Ostuni est déjà bien réveillée, mais les gens qui sont dehors sont essentiellement des habitants. Et surtout, les boutiques de souvenirs, d’huile d’olive ou de déco sont toutes fermées. J’ai failli ne pas reconnaître la principale rue piétonne sans ses étals de babioles. J’ai 45 minutes devant moi (avant l’heure prévue pour le petit déjeuner). J’en profite pour découvrir le quartier de la cathédrale. Je ne vois pas le temps passer et je rentre juste à l’heure.
Nous prenons le petit déjeuner dans la cours de la maison voisine. Une belle assiette de fruit nous attend sur la table ainsi qu’un gâteau maison à l’orange qui fera presque l’unanimité. C’est un moment très agréable et pour une fois, nous profitons du petit déjeuner sans se stresser avec les horaires. De toute façon, nous n’allons pas loin aujourd’hui : objectif Alberobello à 35 km d’ici en suivant la route des petits villages (Cisternino et Locorotondo). Nous profitons même de la fraîcheur du logement pour faire travailler les enfants le matin.
A 11h, nous nous mettons tout de même en route. Un dernier petit tour sous les remparts et c’est parti. Sauf qu’il faut quitter la ville par le côté opposé et grimper une longue rue très pentue. Sacrée mise en jambe ! Les voitures veulent absolument nous doubler. Mais je sais que si je m’arrête pour les laisser passer, je serai incapable de repartir alors je me décale dès que je peux sur des places de parking vides le temps de laisser passer une ou 2 voitures et je reprends vite ma place dans le trafic.
A la sortie de la ville, un panneau indique des travaux sur la route d’Alberobello et une déviation. Nous hésitons. Les routes bloquées par les travaux, nous avons déjà vécu ça en Grèce, ça ne se passe pas toujours bien. Du coup, Mic nous dégote en vitesse un nouvel itinéraire sur de petites routes de campagne.
Ca monte et ça descend, mais qu’est ce que c’est mignon ! Nous avions déjà eu un aperçu des murs en pierre sèche et des plantations d’oliviers hier, mais là, sur ces petites routes, c’est encore plus joli. Les premiers trulli apparaissent. Au début, ce sont surtout des trulli récents, intégrés à des habitations, pour donner un caractère un peu typique aux maisons. Mais petit à petit, nous en voyons de plus anciens dans les champs ou les vergers. C’est facile de les différencier, ils n’ont pas du tout la même couleur !
Nous arrivons à Cisternino vers 13h. Au début de la rue piétonne, le gérant du primeur est en train de rentrer toute sa marchandise. Tout ferme entre 13h et 16h30 ! Mieux vaut le savoir si on n’a pas encore prévu son pique-nique. Je prends en vitesse des fruits et des légumes et nous partons nous installer dans un petit parc qui fait aussi office de belvédère.
L’endroit est parfait pour récupérer un peu car cette première partie de vélo a été assez éprouvante (et nous n’avons fait que 15km !). Comme nous sommes à un point de vue, il y pas mal de passage. Lorsque des français passent près de nous, la plupart du temps, ils s’arrêtent pour regarder les vélos. Nous rencontrons ainsi un cycliste qui a descendu toute l’Italie jusqu’à Bari où il a laissé son vélo en révision le temps de faire un peu de tourisme avec sa copine. Il a adoré la traversée des Abruzzes.
Je laisse Mic et les enfants à l’ombre et je pars en exploration dans le village. Le centre ville est plus petit qu’Ostuni mais tout aussi mignon. C’est un régal de se promener dans les petites ruelles. Quelques artistes ont pris possession de certaines rues donnant une ambiance assez poétique au village. Je suis aussi bluffée par la fraîcheur qui règne dans les ruelles alors que la place principale est étouffante. Contrairement à Polignano a mare ou Monopoli, dont les ruelles débouchaient souvent sur des impasses, ici, on n’est presque jamais coincé (en tant que piéton). Il y a toujours un escalier ou un petit tunnel qu’on n’avait pas vu au premier abord.
Il est temps de repartir. Nous retraversons le centre en vélo, par les rues les plus faciles puis retrouvons la campagne, les murets, les trulli. Ils sont de plus en plus nombreux, parfois groupés par 4 ou 5. Nous pénétrons dans l’un deux, en lisière d’un champs. La voûte est magnifique.
Dans les plantations d’oliviers, c’est l’époque où les agriculteurs retournent la terre et enfuissent dans le sol les hautes herbes jaunes. La terre est d’une belle couleur ocre rouge. Le contraste entre les murs gris/blanc et les arbres verts/argentés est magnifique. Les oliviers ont aussi été taillés dernièrement et les branches sèchent sur le sol, en attendant d’être regroupées en fagots.
Nous arrivons à Locorotondo. Cette fois-ci, nous commençons par parcourir le centre historique en vélo. Les rues sont un peu alambiquées et aussi mignonnes que dans les villages précédents. Nous ne croisons pas grand monde (et presque pas de touristes), ce qui est très agréable.
Comme pour Cisternino, il y a un belvédère qui domine la vallée (tous ces villages sont sur des bosses). Pendant que Mic lance le drone pour avoir une vue aérienne du village et des plantations en terrasse en dessous de nous, un groupe de français arrive avec sa guide. Cette rencontre a été un peu spéciale. En effet, tandis que je discute avec certaines personnes du groupe qui veulent en savoir plus sur notre voyage, d’autres nous critiquent par derrière. Mic est un peu à l’écart, occupé à piloter le drone, mais il entend l’essentiel. Il attend cependant que nous soyons de nouveau sur les vélos pour nous expliquer ce qu’il s’est passé. J’hallucine en découvrant ce qu’il s’est dit ! Les enfants trouvent cela injuste, énervant et stupide !
Il est déjà 18h30 et nous sommes toujours sur la route. Mais quel bonheur maintenant. La température est idéale, la lumière magnifique. Je pourrais rouler des heures dans ces conditions. Et pour rajouter encore à ce moment presque parfait, nous tombons sur des plantations de cerisiers. Certains ont l’imprudence d’étendre leurs branches loin au dessus du mur. Quelques cerises devraient nous aider à finir les derniers km, non ? Elles sont absolument délicieuses !
Nous approchons enfin du camping. Il y a des trullis partout maintenant. Le gérant du camping est un vieux monsieur à l’abord un peu rude mais qui pratique un certain humour. En 2 minutes, il nous briefe très efficacement sur les différents quartiers d’Alberobello et les supermarchés. Ce soir, c’est jour de fête en ville car c’est la saint Antoine et Alberobello possède une église bâtie comme un trullo (le singulier de trulli) : l’église de Saint Antoine de Padoue. Génial ! Cette bonne nouvelle compense un peu le fait d’arriver trop tard pour profiter de la piscine. Nous montons les tentes en vitesse et remontons sur les vélos direction le village. Nous entrons dans le centre ville lorsque des bruits de pétards et feux d’artifice se font entendre. Bizarre, il ne fait même pas encore vraiment nuit ???!!! En tout cas, nous arrivons trop tard pour cette partie là.
Nous laissons les vélos à côté du belvédère et allons admirer ces fameux trulli déjà tellement vus en photo. Je suis un tout petit peu déçue. Finalement, ceux que l’on voit dans la campagne sont tout aussi jolis.
Une scène de concert a été montée dans la rue qui borde le plus grand quartier de trulli (plus de 400). En attendant que cela commence, nous dînons de foccacia et de pizza dans un petit boui-boui. La nuit est tombée maintenant et les rues sont illuminées. Nous marchons un peu au milieu des trulli puis finissons la soirée au concert. Gaëtan, passionné de batterie, nous commente la performance du batteur.
Mardi 14 juin : les trulli de bon matin et la grotte de Castellane.
Ce matin, nous quittons discrètement les tentes pour ne pas réveiller les enfants et nous retournons au village. La scène de concert est déjà presque démontée. Mic fait décoller le drone depuis le belvédère en priant pour ne pas se prendre une des multiples hirondelles qui sillonnent le ciel au dessus de nous. Les vues aériennes des trullis ne sont pas si intéressantes que ça. Il faudrait se rapprocher. Nous repartons dans les ruelles où il refait quelques petits vols. Pas facile à photographier ces trulli !
Les trullis répondent à certaines caractéristiques précises. Ces sont des constructions en pierres sèches (donc sans mortier). Mais les trulli récents trichent un peu, on voit très bien le mortier ! Traditionnellement la base est de forme carré mais le toit de forme conique. Les pierres proviennent des champs ou du trou qui a été creusé sous le trullo pour y faire une citerne. L’eau est collectée au moyen et guidée, par l’intermédiaire de pierres creusées en gouttière, vers la citerne. De petits escaliers en pierre permettent d’accéder aux toits.
Nous rentrons au camping en faisant un crochet par le supermarché. Le petit déj va être copieux ce matin !!! Nous restons en effet un jour de plus pour aller visiter la grotte de Castellane. Cette visite avait tout d’abord été planifiée depuis la côte, puis abandonnée et finalement, le gérant du camping nous a fait remarquer que nous étions tout près ! Alors, c’est parti.
Sur le papier, le trajet est facile : 15 km, plutôt en descente et sans chargement. Mais je suis totalement épuisée. Je paie une accumulation de fatigue, de nuits courtes, d’un sommeil haché, et aussi trop de cerises … Le trajet est un calvaire. Mais enfin, nous arrivons à la grotte. Notre groupe vient de partir mais on nous permet de la rattraper. Un long escalier s’enfonce dans les entrailles de la terre et débouche dans une salle immense avec un puits de lumière. La guide est en train de finir le briefing : ne rien toucher surtout car dans cette grotte, il faut entre 80 et 100 ans pour qu’un stalactite grandisse d’un cm ! Et pas de photo en dehors de cette salle.
C’est parti pour la visite. Le groupe est assez important mais la grotte est immense. Nous partons pour 2h de visite et allons parcourir 3km dans les souterrains, 70 m sous terre.
Il y a quelques français dans le groupe et notamment 2 hommes qui marchent devant nous. A la première stalagmite qu’il aperçoit, l’un deux pose la paume dessus, enlevant toute l’eau qui s’y était déposée : 50 ans de boulot perdu en 1s ! Léa est choquée ! L’accompagnatrice derrière moi répète à plusieurs reprises en anglais qu’il ne faut rien toucher mais ils ne réagissent pas. Je me doute que ce n’est pas de la mauvaise volonté, ils n’ont juste rien compris à ce qu’elle a dit ! Je me permets alors d’intervenir, autant pour éviter qu’ils n’abîment d’autres endroits dans la grotte que pour calmer les enfants. Et en effet, ils n’avaient pas du tout conscience des conséquences de leur geste (ceci dit, vu l’endroit où elle se trouve, cette stalagmite n’a aucune chance de pousser, elle doit recevoir des caresses de tout les groupes qui passent à côté d’elle !).
La grotte est magnifique. A différents endroits, la guide commente telle ou telle formation. La visite est en anglais mais comme elle parle aussi français, elle résume en quelques phrases les points essentiels. Elle a commis l’imprudence de dire aux francophones qu’ils pouvaient poser des questions s’ils n’avaient pas compris et maintenant, elle a les enfants collés à ses basques !
Dans certaines parties, comme le long couloir du désert, il faut marcher assez longtemps entre 2 commentaires de la guide. Le groupe s’étale, chacun va a son rythme. Petit à petit, les gens ont commencé à prendre des photos. Les accompagnateurs ne disent rien. Je pense que cette interdiction a plutôt pour objet de tenir le timing de la visite. Si tout le monde veut tout photographier, on va y passer 4h ! Il y a même un homme qui filme en continu avec son téléphone.
Le clou de la visite, c’est la grotte blanche à l’extrémité du parcours. Nous sommes à l’endroit le plus profond. Pour arriver jusque là, l’eau a traversé de multiples couches de roche, se débarrassant au passage de toutes ses impuretés. C’est pourquoi les stalactites et stalagmites qui se forment ici sont aussi blanches. A ce stade de la visite, tout le monde prend des photos sans être inquiété, sauf moi qui ait Mathis pendu à mon bras en train de me répéter que c’est INTERDIT !!!
Parmi les autres points remarquable, on peut citer le cas d’une stalactite qui s’est cassée et qui recommence à se former (chose extrêmement rare), des stalactites excentriques (c’est à dire qui ne poussent pas vers le bas mais dans n’importe quelle direction, sans que l’on comprenne bien comment elles font) et des formations en forme de corail (preuve que la grotte était autrefois immergées).
Les 1,5 km de retour depuis la grotte blanche se font en visite libre. A l’arrivée dans la toute première grotte, il est 13h, la lumière du soleil pénètre par l’ouverture, formant un rayon de lumière. C’est magnifique ! Et pour sortir de la grotte, nous avons droit à un ascenseur (indispensable s’ils ne veulent pas que la moitié des retraités restent au fond).
Je suis un peu plus en forme pour le retour en vélo (malgré la montée, malgré la chaleur et malgré le fait qu’on va encore manger à 15h !!!). En approchant du camping, nous retrouvons les cerisiers. Il y a plusieurs variétés différentes. Même si elles sont un peu chaudes à cette heure de la journée, rien ne vaut une cerise ramassée sur l’arbre et consommée dans les minutes qui suivent !
Le reste de la journée se déroule tranquillement au camping entre piscine, lessive et pizzeria. Je m’attelle à la rédaction de la réponse aux français de Locorotondo. C’est surtout pour nous que je la fais, pour faire un bilan, pour ne pas oublier, pour les enfants qui auront un droit de regard une fois l’article terminé. Mais aussi pour le monsieur qui a pris l’adresse de notre blog. Pour qu’il garde un bon souvenir de notre rencontre.
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