Mercredi 14 juillet : c’est une journée spéciale aujourd’hui car nous traverserons les premières gorges du Danube (bon OK, c’est aussi la fête nationale et nous profiterons du trajet pour parler de la révolution française avec les enfants).
Ce matin, la propriétaire de l’hôtel est venue nous prévenir qu’il fallait faire attention sur le chemin car il semblerait que des pierres soient tombées à cause de la pluie d’hier.
Nous prenons le chemin et nous enjambons plusieurs fois le Danube. Il est bien marron et il y a beaucoup plus de courant que la veille. Il a débordé dans les champs et nous roulons même un petit peu dans l’eau. L’idée de pédaler dans le Danube nous amuse beaucoup. Nous n’imaginons pas du tout à ce moment là que nous y retournerons 2 jours plus tard dans des conditions beaucoup plus compliquées !
Nous sommes dans une vallée verdoyante entourée par de petites falaises. Le Danube serpente au loin et le chemin joue aux montagnes russes, ce qui est assez amusant car on arrive en général à prendre assez d’élan pour passer sans trop d’effort d’une bosse sur l’autre. Des constructions, forteresses ou chapelles apparaissent régulièrement aux sommets des falaises ou des pitons. Avec un ciel bleu, ce doit être somptueux. Michael sort le drone pour une petite vidéo du chemin et des alentours. Nous passons par le village de Beuron. Il n’y a pas beaucoup de maisons mais il y a un camping. C’est vraiment un joli coin pour bivouaquer et il doit y avoir pleins de belles rando à faire dans le coin. On voit bien que toute la nature est gorgée d’eau et de mini cascades surgissent parfois des fissures dans les rochers. En quittant le chemin des gorges nous découvrons sur le panneau d’affichage que celui-ci est fermé depuis 2 jours. Pourtant nous n’avons rien vu de particulier. La route a dû être dégagée entre temps.
Nous sortons des gorges et arrivons dans la ville de Sigmaringen. Ce matin, une allemande qui logeait aussi dans la gare m’avait dit que la France et l’Allemagne avait une histoire commune dans ce village mais je ne voyais pas trop de quoi elle voulait parler. Un petit tour sur internet vient combler mes lacunes sur le sujet : sur ordre d’Hitler, Pétain et son gouvernement ont séjourné dans le château de Sigmaringen entre fin août 1944 et avril 1945. En même temps que lui, tout un tas de français partisans de Pétain ont également débarqué dans le village qui a été, pour un temps, une sorte de capitale de la France. La France de Vichy n’est pas au programme d’histoire des enfants mais nous décidons tout de même d’aller visiter le château le lendemain.
Jeudi 15 juillet : il a beaucoup plu cette nuit et cela résonnait très fort dans la tente. Pas toujours facile de dormir dans ces conditions. Aussi, nous traînons un peu au réveil. Si auparavant un rayon de soleil suffisait à nous réveiller, nous dormons maintenant très bien même lorsqu’il fait grand jour dans la tente !
Petit déjeuner de roi car hier soir, nous avons trouvé au supermarché une préparation pour pancake. Il faut juste y rajouter du lait. Cela fait de super pancakes !
Direction le château : en semaine, hors vacances scolaires et à 10h du matin, il n’y a quasiment personne ! Nous sommes en train de prendre les audio guide lorsqu’une guide parlant français arrive. Elle a un peu de temps pour nous accompagner et elle est très douée pour se mettre au niveau des enfants ! Elle ne nous parle pas de Vichy mais de l’histoire de la famille des Hohenzollern-sigmaringen. Nous ne visitons qu’une partie du château car la famille Hohenzollern-sigmaringen l’utilise encore de temps en temps et la princesse Flaminia s’y est même mariée il y a 2 semaines ! Les fleurs sont encore en place.
C’est très agréable de découvrir le château avec notre guide : il est étonnamment moderne car il a en partie brûlé en 1893 (un incendie causé par l’installation électrique) et a été reconstruit juste après avec eau courante dans la salle de bain, lit à roulette (c’était mieux pour la santé à l’époque) et des pièces très lumineuses. Notre guide est obligée de nous quitter au milieu de la visite et la suite avec l’audioguide nous paraît alors bien moins amusante. Nous finissons par la salle des armes qui regroupe un nombre impressionnant d’armes et d’armures. C’est la plus vaste collection d’armes privée en Europe.
Nous quittons le château à 13h ! Il est grand temps d’aller manger, de plier les tentes et de filer : ce n’est pas une journée de repos aujourd’hui !
La météo est toujours aussi changeante mais nous avons du flair pour détecter les averses et nous trouvons en général un refuge avant la douche. Nous gardons tout de même en permanence les vêtements de pluie. Je n’aurais jamais cru que ces pantalons de pluie serviraient autant !!!!
Maintenant que nous sommes sortis des gorges, nous sommes dans la plaine et dans les champs. Les bas côtés sont très fleuris, ce qui donne du charme au paysage. L’observation des oiseaux vient aussi agrémenter le trajet. Il y a tout d’abord les cigognes : on les entends parfois avant de les voir car elles claquent du bec dans un bruit très caractéristique. Les petits rapaces sont sortis des nids et volent avec leurs parents. Ils s’appellent les uns les autres et leur sifflements s’entendent de loin.
L’arrivée au village de Riedlingen au soleil couchant est magnifique. Le camping est quelques km après le village. Heureusement qu’il y a un panneau sinon on ne devinerait pas sa présence : c’est un camping à la ferme et on dirait bien qu’ils élèvent surtout des moustiques ici !!!
Une vieille dame est assise devant la ferme avec son carnet à la main. Elle reste tranquille au milieu d’une nuée de moustiques ! Je suis admirative devant son stoïcisme ! L’autre chose impressionnante, c’est le relevé de pluviométrie des derniers jours. Le pluviomètre (40mm) a été rempli 2 fois, rien que pour ce soir et 16 fois ces derniers jours !
Nous installons la tente dans un terrain magnifique : herbe verte moelleuse, grand arbre au milieu, balançoire au bord de la haie, et juste une petite tente dans un coin. Mais il s’avère que c’est un véritable enfer (toujours les moustiques) et il est impossible d’enlever les pantalons de pluie. Heureusement, le coin repas/douche/WC est dans la cours de la ferme de l’autre côté de la route et il est un peu moins infesté. Et de toute façon, il est tard et nous filons vite nous mettre à l’abri dans les tentes narguer les moustiques coincés entre le double toit et la moustiquaire !!!
