On abandonne une voiture à Salento
Aujourd’hui, nous avons RdV dans une finca de cacao dans les alentours de Perreira. Le temps de rassembler toutes nos affaires, nous sommes juste dans les temps lorsque nous grimpons dans les voitures. Mais je ne vais pas aller bien loin : j’ai un pneu complètement à plat. Pour accéder à la roue de secours, il faut tout décharger et nous sommes pressés. Perreira n’est pas si loin que ça de Salento, nous décidons donc de nous serrer à 6 dans la voiture et de revenir nous occuper du pneu plus tard.
Merci Julie pour cette super adresse !
La finca El Turpial où nous allons n’est pas dans le lonely planet. Nous avons obtenu cette adresse grâce à Julie, une cousine de Michaël qui vit à Perreira depuis 3 ans. C’est une petite propriété tenue par Pierre et Anita, un couple franco-colombien à la retraite. Elle n’est pas facile à trouver et nous tournicotons un moment sur des chemins en terre avant d’arriver devant le portail rouge.
Nous sommes attendus par Pierre qui nous installe sur son balcon pour déguster un délicieux gâteau au chocolat. Le cadre est magnifique, la maison accueillante : je comprends qu’ils aient craqué pour cet endroit quand ils ont cherché un lieu pour s’installer à la retraite. Mais ils sont tout sauf inactifs ! Dans leur propriété, ils ne se contentent pas de produire du cacao et de la banane plantain, ils vont jusqu’au produit fini et vendent leur tablettes de chocolat bio dans un magasin de Perreira.
Avant de commencer la visite : le sauvetage de l’appareil photo !
La veille au soir, alors qu’il triait ses photos, papy Michel avait fait tomber son appareil photo par terre. La partie tubulaire qui contient l’objectif s’était légèrement déformée sous le choc, suffisamment pour que celui-ci ne coulisse plus à l’intérieur. Impossible donc d’utiliser l’appareil photo.
Michel et Michaël profitent de l’occasion pour demander un outil à Pierre pour tenter un redressement de la partie ovale à l’aide d’un serre joint. Je n’y croyais pas trop mais cela fonctionne ! Le reste de l’appareil est intact, tout fonctionne correctement !
Cabosses, fèves de cacao et mucilage :
Une fois équipée de bâtons, car le terrain est assez pentu, nous commençons la visite de la plantation. Il y a deux sortes de cacaoyers. Ceux avec des cabosses vertes qui deviennent jaunes à maturité, et ceux avec des cabosses bordeaux qui deviennent orangées à maturité. Les fleurs et les cabossent poussent directement sur le tronc ou les grosses branches, ce qui donne une allure un peu étrange. La production est continue toute l’année. Aussi, on peut trouver en même temps des fleurs, de petites cabosses et de grosse cabosses sur une même branche. Les petites cabosses sont très fragiles. Il ne faut pas les toucher sous peine de les faire tomber ! Petite astuce si vous voulez vous lancer dans voter propre production de cacaoyer : il est plus facile de greffer un arbre que d’obtenir un cacaoyer en faisant germer une fève.
Ici, le ramassage se fait une fois par semaine et manque de chance, c’était hier. Je scrute tout de même les branches, à la recherche d’une cabosse mûre. Et je finis par en dénicher une. Pierre l’attrape et nous l’ouvre. A l’intérieur, nous découvrons les fèves de cacao bien rangées en épis et autour des fèves, une substance blanche appelée mucilage. Cela fait longtemps que je rêve de goûter du mucilage. Depuis que j’ai lu la BD « Les secrets du chocolat ». Nous prenons donc des fèves de cacao et nous les suçons. Le mucilage a un goût de fruit extraordinaire. De multiples saveurs se mélangent (il y a un notamment un goût de mangue et de citron). C’est exquis ! Et le goût reste longtemps en bouche. Je garde précieusement la cabosse avec moi pour prolonger la dégustation tout le long de la visite. Dans la BD sur le cacao (si mes souvenirs sont bons), j’avais lu que le goût du mucilage varie d’une plantation à l’autre et que cela rentrait dans les critères lors choix des fèves de cacao.
Pierre nous explique qu’au début, ils ont eu beaucoup de problèmes avec des écureuils. Ceux-ci mangeaient un nombre considérable de cabosses. Ils ont essayé de nombreuses choses pour les faire fuir, la plus amusante étant certainement le fait d’attacher aux branches des pattes de poulet pour attirer les espèces de vautours locaux et faire peur aux écureuils. Finalement, les écureuils sont partis d’eux même lorsqu’une plantation de bananier a vu le jour sur un terrain voisin ! Préférer les bananes au cacao, quelle faute de goût !!!
D’autres habitants peuplent le terrain et nous aurions adoré les apercevoir mais ils sont très timides et sortent plutôt la nuit : ce sont des tatous. Le long du chemin, on peut juste observer les entrées de leurs terriers.
Fermentation, torrefaction, pelage, broyage, pressage, tempérage … Les multiples étapes de fabrication du chocolat.
Pierre nous a vraiment tout expliqué mais malheureusement, j’ai oublié une bonne partie des informations (ce qui vous évite un article à rallonge !). En gros, les fèves de cacao doivent d’abord fermenter plusieurs jours.
Puis elles sont torréfiées. Cela prend environ 1h. Il y a une température à ne pas dépasser et Pierre la contrôle avec un thermomètre. Ce sont ces grains de cacao torréfiés que nous utiliserons plus tard pour fabriquer notre propre chocolat. La peau s’enlève facilement une fois les fèves torréfiées. Après refroidissement, il faut les broyer. C’est la finesse du broyage qui donnera une texture agréable en bouche. Avec les machines du marché, il fallait faire 4 à 5 passages pour obtenir la consistance voulue. Mais grâce un petit bricolage, Pierre a pu améliorer sa machine et il ne passe plus le cacao que 2 fois.
Pour faire ses tablettes de chocolat, Pierre enrichit le cacao broyé avec du beurre de cacao. Pour cela, une partie du cacao broyé est pressé pour en extraire le beurre de cacao. La matière sèche peut alors devenir du cacao en poudre et servir pour des boissons chocolatées. Il a fallut de nombreux essais pour arriver à la texture voulue des tablettes de chocolat.
Il reste encore une étape avant de mouler le chocolat dans les tablettes. Il faut tempérer le chocolat. Cette étape a pour but d’obtenir un chocolat lisse et brillant. Il s’agit de chauffer, puis refroidir, puis chauffer le chocolat, pour amorcer la cristallisation. Les températures à respecter dépendent du type de chocolat (noir, au lait etc.). Par exemple, pour le chocolat noir, il faut suivre la courbe suivante :
Atelier chocolat : chacun s’y met, même Gaëtan qui n’aime pas le chocolat
Pour finir la visite, nous avons un atelier de fabrication artisanale de chocolat. Bien installés à l’ombre et après un bon bon jus de mûre bien frais, nous attaquons la partie pratique. Anita nous apporte des fèves de cacao torréfiées encore chaudes. Nous frottons les fèves dans nos mais pour enlever la peau. Cela part très bien tant que c’est chaud mais il faut être rapide. Anita est obligée de nous faire réchauffer les fèves qui ont refroidi avec leur peau. Ensuite, nous utilisons un petit moulin manuel pour écraser les fèves de cacao (c’est le même genre de moulin que le moulin à pavot que nous avons à Marseille).
Chacun prend une feuille de bananier et se lance dans la fabrication de ses boulettes de chocolat. Il faut prendre de la pâte de cacao, du sucre, éventuellement un parfum (nous avons des épices en poudre à disposition) et malaxer le tout pour essayer d’avoir une texture agréable. Nos préparations sont ensuite soigneusement empaquetées dans des feuilles de bananier et mises au frais pour que nous puissions les emporter. C’est sympa, mais je tiens aussi à repartir avec des tablettes. Nous repassons donc par la maison faire le plein de chocolat noir, à l’orange, à la myrtille et au piment (celui là, on ne l’avait pas goûté avant, et bien il arrache !!!!).
Un remède miracle qui nous a suivi durant tout notre voyage en Colombie
Et non, je ne parle pas ici du chocolat, bien que je sois persuadée que le chocolat est excellent pour la santé (et même ma dentiste le dit, à condition que ce soit du chocolat noir).
Chez Pierre et Anita, il n’y a pas que du cacao, il ont aussi tout un tas d’autres plantes et ils en connaissent les usages et les bienfaits. Avant de partir marcher dans la plantation, papy Michel a voulu savoir s’il y avait un risque de se faire piquer par les petites mouches voraces comme celles qui l’ont dévoré à la finca de café. La réponse était négative, mais Anita a été horrifiée par l’état de ses mollets. Elle lui avait alors promis un remède au retour de la visite. Nous avons donc testé l’aloe vera sur nos boutons et le résultat a été extraordinaire. Il faut dire que les piqûres de ces petits insectes sont terribles. Les démangeaisons sont atroces et durent une bonne semaine. Pour appliquer l’aloe vera, il faut le peler et appliquer le morceau gluant sur la peau. Quand il devient plus sec, il suffit de recouper un peu la chair pour faire sortir de nouveau le liquide gluant. L’apaisement est instantané et nous sommes tellement enthousiaste qu’Anita nous coupe 2 feuilles que nous emportons précieusement. Elles nous ont servi jusqu’au dernier jour du voyage, pour apaiser nos piqûres de moustiques amazoniens.
Nous repartons absolument enchantés de notre visite. Nous sommes restés plus de 4h et nous avons appris beaucoup de chose. Les enfants ont adoré avoir une visite en français pour une fois et ils ont posé plein de questions ! Nous repartons les sacs pleins de bonnes choses et papy a encore enrichi son stock de graine. Mais plus encore, nous avons rencontrés des gens adorables.
Quand les uns se baignent au soleil, les autres prennent la douche sous la pluie
Après un bon repas dans un restau voisin, nous partons nous installer dans grand logement chez l’habitant. C’est aussi Julie qui nous a trouvé l’adresse et l’endroit est vraiment sympa. Sur le terrain des propriétaires, il y a une maison dont le rez de chaussé est loué à des touristes. Il y a plusieurs grandes chambres autour d’une pièce principale et d’une cuisine. Comme nous sommes tous seuls, nous pouvons utiliser 3 chambres ce qui permet à chacun d’avoir un peu d’intimité et de calme. Il fait un temps magnifique et il y a une grande piscine. Malheureusement, cela ne fait pas parti de notre programme. Nous laissons piscine et hamac à papy et aux enfants et nous repartons à Salento chercher la voiture abandonnée ce matin.
Plus nous avançons vers la ville et plus le ciel devient chargé. Il y a vraiment un microclimat pluvieux sur ces collines ! Alors que nous passons le panneau d’entrée de la ville, des trombes d’eau s’abattent sur le village. Sympa pour changer la roue !!! La manœuvre s’avère finalement assez facile. Et une demie heure plus tard, nous sommes déjà sur le chemin du retour.
Nous sommes samedi soir, aussi, nous n’avons pas prévu de faire réparer la roue avant lundi matin. Mais dans notre logement, la propriétaire est inquiète de nous voir nous balader le dimanche sans roue de secours. Le fils insiste pour accompagner Michael le soir même à Perreira. Il est assez facile de trouver des ateliers de réparation de pneu et tout a été fait au bord de la route pour trois fois rien (4 euros environ).