Lundi 13 septembre : chouette, une chouette ! (désolée, je n’ai pas trouvé mieux)
Après la folle journée d’hier avec Bernard, il est bien difficile de motiver les enfants ce matin. Ils espèrent le revoir sur la route mais nous restons côté serbe tandis qu’il est passé côté roumain hier. Gaëtan n’a vraiment pas le goût de pédaler alors que nous avons tous envie d’avancer. La route est pourtant facile : un faux plat descendant qui roule tout seul ! Je finis par craquer et le prendre sur le tandem.
Soudain, Léa attire notre attention sur un animal en bordure de la route. Surprise, c’est une chouette. Nous l’approchons doucement pour ne pas lui faire peur mais elle reste parfaitement immobile. Son comportement est vraiment étrange. Nous ne pouvons pas la laisser là. Même si la route est peu circulante, ses chances de survies sont quasiment nulles si elle reste si près du bord. Je l’attrape d’abord en lui tenant les ailes fermées mais elle se débat un peu. Finalement, c’est perché sur mon bras qu’elle se sent le mieux. Je l’ai palpé un peu et n’ai détecté aucune blessure. Ses ailes ont l’air en bon état. Elle a juste un peu de sang au coin du bec. Elle a peut être été percutée par une voiture. En tout cas, pour l’instant, elle donne l’impression de dormir debout ! Nous la déposons à l’abri dans la forêt, en essayant de la mettre hors de portée des prédateurs (nous avons vu plusieurs renards depuis que nous sommes dans les gorges). Cela nous fait mal au cœur de la laisser sans savoir si nous avons bien fait de la percher là et si elle est, ou non, en bonne santé.
Reprise de la route. Nous passons le grand barrage qui a conduit à augmenter le niveau du Danube de 27 m et noyer de nombreux villages. Juste après, nous tombons sur un vieux stock de pâles de turbines posées dans l’herbe. Et au bout d’une piste en terre, subsistent quelques fondations d’une ancienne cité. L’ancien monde et le monde moderne, côte à côte.
Michaël est parti devant pendant que je prenais quelques photos des vieilles pierres avec Gaëtan. Par un malheureux concours de circonstances, nous jouons à cache cache sur la route pour Kladovo et je finis par arriver avant lui. Cela complique les choses de ne pas avoir de forfait en Serbie (et oui, nous sommes hors union européenne). Pour une malheureuse connexion en septembre et 5Mo de téléchargement, j’ai été facturé 50 euros !
Le soleil cogne fort dans l’après midi et c’est justement maintenant que nous avons du dénivelé (montée de 7 %). La montée est cependant moins dure que celle d’hier. En haut, nous roulons sur un plateau aride : champs de maïs jaunes, terres brulées, prairies calcinées … Quel contraste avec les gorges et les forêts d’hier.
Nous traversons de petits villages jusqu’à rejoindre notre dernier logement serbe. L’endroit est désert et franchement, on se demande bien qui pourrait avoir envie de venir en vacances ici. Le terrain est aride, au bord d’un Danube un peu vaseux. Nous avons le choix entre la tente ou une chambre avec 3 lits simples. Nous optons pour une chambre par crainte d’une nuit trop fraiche pour nos duvets (finalement, la nuit sera super chaude !). Le gérant nous conseille (en allemand) un restaurant à 5 minutes d’ici. Pour le rejoindre, nous traversons l’extrémité du camping qui est nettement plus sympathique. C’est un alignement de caravanes, de logements bricolés, à l’ombre de grands arbres. En saison, on imagine sans peine les apéros entre voisins et les bonnes odeurs des BBQ.
Il y a de l’animation dans la véranda du restaurant. Une grande tablée semble manifestement fêter un anniversaire vu les cadeaux posés à côté. Ils ont droit à un repas en musique live grâce à un accordéoniste et un chanteur. Les seules tables qui restent sont à côté. Nous sommes plutôt contents de profiter de la fête mais au bout de 5 minutes, nous avons la tête comme une pastèque ! La musique est extrêmement forte. Impossible de se parler, et finalement, impossible tout simplement de rester ! Heureusement, le serveur nous autorise à nous installer dans la salle du restaurant déserte et les fenêtres nous permettent quand même d’observer le spectacle. Au milieu du repas, les gens se sont levés pour danser et chanter. Le chanteur est au milieu. Les billets de banque passent de main en main. Certains finissent dans les soufflets de l’accordéon, un autre est collé sur le front transpirant du chanteur et il l’exhibe fièrement.
Le repas est délicieux (j’ai enfin eu droit à ma soupe de poisson !) même si nous avons encore eu des surprises en voyant arriver les plats. Les enfants pensaient avoir des pilons de poulet et se retrouvent avec du filet de porc. Michaël pensait avoir un hamburger et se retrouve avec une sorte d’énorme steak haché. Nous n’arrivons pas à tout manger mais heureusement, on nous emballe la viande qui reste dans un petit sac. Nous demandons l’addition au serveur qui débarrasse les assiettes. « Doucement, doucement » nous répond il en français ! Puis il revient avec 5 assiettes. Je m’inquiète : est ce qu’on aurait commandé quelque chose en plus sans s’en rendre compte ??? Il nous apporte alors 5 crêpes fourrées au chocolat « Gratis ! » (mais nous ne savons pas en quel honneur). Elles sont délicieuses mais on a vraiment trop mangé ce soir. 2 crêpes rejoignent directement notre doggy bag.
La nuit est tiède, étoilée et sans moustique ! Voici une occasion parfaite pour essayer de rattraper un des petits regrets de notre voyage : l’observation des étoiles filantes (début août, lorsque c’était le bon moment, on se faisait dévorer par les moustiques). Une couverture, des oreillers, et nous voici tous les 5 allongés dans l’herbe. Le ciel est superbe et finit par nous offrir une magnifique étoile filante (ouf tout le monde l’a vue, cela aurait été le drame si un des enfants l’avait ratée !).
Pensées pour notre chouette que nous imaginons en train de voler majestueusement dans ce ciel immense (espoir).
Ping : J94 : passage en Bulgarie (c’est plus compliqué qu’on le pensait de revenir dans l’UE !) – notrepetiteodyssee