Mercredi 13 avril : quelques frayeurs sur le trajet.
La journée avait pourtant bien commencé …
En effet, nous avons droit à un petit déjeuner de crêpes que chacun a garni à sa façon : miel, sucre, Nuttella pour les plus classiques ou fromage/banane/miel pour ceux qui savent que ça va grimper un peu aujourd’hui et qu’il faut prendre des forces !
Les vélos, que nous n’avions pas bâchés pour la nuit, sont couverts de givre mais ils passent rapidement au soleil et ça chauffe vite ! Pour le départ à 9h30, nous mettons les vestes chaudes mais il faut rapidement faire une première pause pour les enlever quelques km plus loin.
Nous attaquons la montée assez vite et surprise, il y a de la neige sur le bas côté. Mais l’effort nous réchauffe bien et l’air ne semble pas particulièrement froid. Nous avons 3 montées aujourd’hui pour un dénivelé total de 590m.
Nous sommes dans la deuxième côte, lorsque je vois Michaël s’arrêter et descendre du vélo. En plein virage, c’est assez étonnant. Quand j’arrive à son niveau, il m’explique qu’il a cassé sa chaîne ! Ça c’est la poisse ! Nous avançons jusqu’à un espace à gauche assez large pour s’arrêter en toute sécurité (et au soleil) afin d’évaluer la situation. Les enfants, pas inquiets du tout, se précipitent pour creuser des rigoles dans la terre …
C’est le maillon rapide de la chaîne arrière qui s’est décroché. Le problème, c’est qu’il en manque un bout. Nous retournons examiner la route et heureusement, Mic remet la main dessus. Nous avons une pensée pour Igor (de locapino), qui nous a vendu le deuxième pino et qui nous avait dit : « quand la chaîne casse, c’est souvent qu’elle s’était encrassée ». Et c’est probablement ce qui est arrivé. Après un bon nettoyage Michaël arrive à remettre le maillon rapide qui n’est que très légèrement tordu. OUF !!! Et Mic en profite pour bien dégraisser les 5 chaînes avant de leur remettre un peu d’huile.
Et c’est la chute …
J’ai profité de cette pause forcée pour faire manger les enfants. Du coup, nous n’avons pas perdu trop de temps. Ils repartent pour la fin de la côte en super forme et finalement, cette grimpette se déroule sans difficulté. Il ne reste plus qu’à profiter de la descente. La route présente des lacets assez serrés et je m’inquiète un peu pour Gaëtan qui est parti à fond sur le vélo enfant. C’est la première fois qu’il a un compteur sur son vélo et il compte bien battre la vitesse max établie par sa soeur…Et voilà qu’au détour d’un virage qui se referme, je l’aperçois par terre, sur le bas côté. Le pauvre a à peine fait 1km ! Michaël est déjà en train de s’occuper de lui, et à part un choc au pouce et au genou, il s’en sort bien. Heureusement pour nous, la route est peu fréquentée et Gaëtan a eu le réflexe de sortir de la route immédiatement.
Une fois dans la plaine, nous quittons la route principale pour prendre des routes de campagne. C’est sympa de traverser des petits villages. Les jardins sont plein de cerisiers en fleurs et les enfants mangent des glaces en rentrant de l’école.
Dernière bosse et arrivée à Златиц (ou si vous préférez Zlatitsa). Nous avons repéré l’hôtel Antique sur maps et il fait parfaitement l’affaire. Nous nous installons dans 2 chambres et nous garons les vélos dans la partie restaurant, fermée depuis la Covid. Heureusement que nous sommes arrivés tôt car la réception ferme à 17h45, c’est une bonne alerte pour les prochains jours !
Remède miracle qui sert au bout de 14 ans !
Lors du brossage de dent, Léa a une dent de lait qui s’est à moitié décrochée et la gencive s’est mise à saigner de façon assez importante (Mathis a préféré partir en voyant tout ce sang !). Le saignement s’est arrêté mais la douleur est restée. C’était enfin l’occasion de tester un remède préparé par une pharmacie de Castelsarrasin en 2008 (sur prescription du dentiste) : une décoction de clous de girofle. Cela a un fort effet anesthésiant. J’en ai appliqué sur la gencive avec un coton et moins d’une minute plus tard, Léa ne sentait plus rien !
Jeudi 14 avril : les km augmentent encore un peu et ça grimpe toujours.
La météo est vraiment au top : chaque jour, nous partons vers 9h30 avec le soleil, un grand ciel bleu et pas un brin de vent. Et comme nous commençons toutes nos étapes par de la grimpette, on n’a pas le temps d’avoir froid !
La côte d’aujourd’hui fait 20km, avec une première partie en pente douce. Ce n’est pas forcément plus facile car on se traîne (à peine du 6km/h) et on n’en voit pas le bout. Heureusement que les paysages sont jolis.
La neige n’occupe plus que les sommets des montagnes, et dans les prés autour de nous, les troupeaux de moutons, vaches et chevaux sont de sortie. Nous longeons aussi de grands champs plantés d’arbustes assez bas que je n’arrive tout d’abord pas à identifier. Et ce qui est assez surprenant, c’est qu’il y a souvent des gens qui s’activent dans ces plantations. C’est alors que me reviennent les informations données par Rumi : nous sommes dans la région de culture de la rose ! En ce moment la végétation démarre à peine mais ce doit être incroyable au moment de la floraison !
Nous pique niquons avant la dernière partie de grimpette, qui est plus raide. Dans l’herbe, au soleil, on finit par avoir très chaud. Oups, on a oublié la crème solaire ce matin ! (Et on sera tous un peu enrhumé le lendemain).
Un peu avant le sommet, je m’arrête pour remplir mon bidon à une source d’eau potable. Un homme est en train de faire le plein d’eau et j’en profite pour tester les mots bulgare que j’ai noté sur mon carnet. Ca reste très limité mais au moins, je peux dire d’où je viens et où je vais. Surprise, en repartant, l’homme me souhaite un bon voyage en allemand (par réflexe, je réponds « gracias », je ne vais pas gommer 2 mois en Colombie en une semaine !). L’allemand va-t-il nous resservir ?
Les 11 premiers km de descente sont incroyables : pas besoin de pédaler, c’est génial (mais j’ai remis les gants). Après la chute de Gaëtan hier, les enfants sont un peu stressés en descente. Et puis, cela demande de la concentration, alors que lorsqu’ils sont sur le tandem, c’est repos total ! Il n’y a qu’à profiter du paysage !
Nous arrivons à Сопот (Sopot) à l’heure de sortie du travail (il y a notamment une entreprise d’armement qui s’appelle VMZ qui a l’air de faire bosser pas mal de monde) ! C’est aussi la ville du parapente. Il y a un téléphérique qui permet de rejoindre un site de décollage et quelques ailes en l’air…
Nous quittons la route principale pour prendre une petite rue calme au milieu des maisons. Ça fait du bien de sortir du trafic. Nous avons le choix des hôtels dans le quartier autour du parc et le premier sera le bon. Impossible de prononcer son nom que nous ne trouvons qu’en cyrillique : Възрожденски комплекс Чардакъ. Mais le patron est très sympa et parle allemand (ça se confirme, il va falloir se remettre à l’allemand). ll aime bien aussi dicter des phrases à google translate mais cela donne parfois des résultats bizarres (il m’a quand même demandé si on voulait manger du lama !). Pendant qu’il nous prépare un café et un thé, il nous donne des conseils de trajet à notre arrivée en Grèce. Les bulgares aiment beaucoup aller en vacances en Grèce. C’est souvent aussi rapide pour eux d’aller en Grèce que de rejoindre la côte bulgare sur la mer noire (et c’est, paraît il, plus joli !).
Vendredi 15 avril : grosse étape pour arriver jusqu’à Plovdiv
La météo l’avait prédit depuis déjà une semaine : dimanche, à Plovdiv, il va pleuvoir du matin jusqu’au soir ! Et ça ne va pas s’arranger les jours suivants. Aussi, si nous voulons avoir le temps de visiter un peu la ville, il faut y arriver ce soir. Nous avons environ 65 km à faire avec un profil plutôt descendant (juste une bosse à passer dans la matinée), ce qui nous parait faisable (finalement ce sera plutôt 71 km). Nous réservons en vitesse un hôtel à Plovdiv et c’est parti !
Nous mettons une heure pour avaler les 25 premiers km. De quoi se sentir pousser des ailes, jusqu’à ce qu’on se heurte au « petit »pic du profil, pas si petit que ça finalement.
La route est une sorte de longue ligne droite qui va jusqu’à Plovdiv. Les gens roulent très vite et même si la visibilité est bonne, nous ne nous sentons pas autant en sécurité que les jours précédents. En montagne il y avait 2 voies pour la montée, donc les véhicules pouvaient s’écarter davantage. Nous avons tourné le dos aux montagnes. Les champs de colza en fleur (Plovdiv bénéficie d’un climat très doux) ont remplacé les champs de rose.
Normalement, nous devions faire des courses en route mais nous avons raté la bifurcation vers les villages. Du coup, nous nous arrêtons dans une sorte de restaurant pour routiers. Le patron vient nous expliquer qu’il faut venir commander au comptoir et nous montre la carte écrite à la main en cyrillique sur le tableau blanc. C’est totalement illisible pour nous (avant, on faisait photo avec la reconnaissance de caractère puis une traduction google mais là …). Heureusement, un des clients qui parle anglais vient à notre secours. Il nous donne quelques informations sur les plats, nous recommande un plat typiquement bulgare et passe la commande pour nous.
Avant de partir, notre sauveur vient discuter un moment. Il a fait beaucoup de vélo et connait notamment la route que nous prévoyons de prendre pour aller en Grèce. Seulement la description qu’il nous en fait n’est pas encourageante : normalement, il n’y va pas avant mi mai à cause de la météo (c’est vrai qu’il va y neiger les prochains jours). Il nous prédit de la neige, de la pluie et du froid ! Et pour l’étape après Velingrad, il nous prévient qu’il faudra partir tôt pour faire plus d’une centaine de km avant de trouver un hôtel. Ce n’est pas ce que nous avions vu en étudiant le parcours… La seule chose qui nous rassure un peu, c’est quand il explique que la dernière fois qu’il a été là bas, c’était il y a environ 20 ans (mais selon lui, cela n’a pas changé !)
Il nous donne cependant une information importante : Pâques, en Bulgarie, est décalé d’une semaine avec la France (cette année) et c’est un grand weekend (du vendredi au lundi) où les bulgares partent massivement en vacances. C’est une information à prendre en compte pour la suite du voyage.
Nous repartons un peu en arrière pour récupérer une route de campagne nettement moins fréquentée (et avec des cigognes). Gaëtan, qui attaquait la digestion sur le tandem, se réveille d’un coup lorsque nous arrivons sur un chemin en terre, avec des bosses. Il saute illico sur le vélo enfant et file devant !
La fin de l’étape traîne un peu en longueur et l’arrivée à Plovdiv est absolument sans intérêt. Nous longeons de gros axes routiers avec beaucoup de circulation. Le seul point positif, c’est qu’il y a désormais des pistes cyclables. Notre hôtel est un peu excentré et sans charme particulier mais il a un gros avantage : les 2 chambres sont immenses. Nous montons donc les vélos dans les chambres. Elles sont situées l’une en face de l’autre et nous laissons les portes ouvertes (nous sommes quasiment les seuls clients). Nous collons les enfants au bain dans leur chambre, et je sombre pendant une heure sur le lit.
De Bankya à Plovdiv, nous avons fait environ 220 km et 1650 m de dénivelé. Les prochains jours sans vélo vont faire du bien !