Vendredi 30 juillet : entrée en Autriche et retour des paysages vallonnés !
Quitter l’AJ est plus facile que d’y arriver, même si c’est quand même du boulot de redescendre toutes nos affaires : les 2 sacs baluchons, les 6 grandes sacoches, les 4 petites (et celle du matériel de réparation pèse plus lourd qu’une grande sacoche de vêtement), les 2 sacoches du vélo enfants, les 3 sacoches de guidon et les 2 sacs de provisions (plus ou moins remplis selon les moments).
L’Eurovélo 6 traverse Passau et l’Inn, ce qui nous permet de voir Passau depuis l’autre rive. La frontière n’est qu’à quelques km. Nous avons passé 3 semaines en Allemagne, fait 661 km, grimpé jusqu’au point culminant de l’EV6, mais aussi pataugé dans le Danube (qu’on a vu grandir au fil des jours) et usé une énorme quantité de mouchoirs (mais mon rhume se termine enfin !).
Avec l’entrée au Autriche, le paysage change radicalement : nous ne pédalons plus sur une digue ou au milieu des champs, mais au raz de l’eau, avec des monts boisés de chaque côté. Cela suffit à nous redonner de l’énergie.
Pour la pause du midi, nous avons prévu de visiter la maison du Danube (Haus am strom) qui est sur le côté allemand du Danube (pour l’instant, le Danube fait la frontière entre l’Allemagne et l’Autriche). Du coup, il faut traverser le Danube à la centrale hydroélectrique. Mais là, mauvaise surprise, il y a de grands escaliers pour monter sur la passerelle qui passe au dessus de l’écluse ! Il faut tout décharger pour faire passer les vélos … Mais l’endroit est sympa et nous passons un bon moment dans le petit bâtiment (nous sommes tout seuls !).
Il n’est pas question de reprendre les escaliers et nous continuons donc rive gauche pendant quelques temps. La route est agréable et nous arrivons au camping de Schlögen dans l’après midi. Il fait beau et il y a une piscine, les enfants ont hâte de se baigner. Mais à l’accueil du camping, c’est plutôt la douche froide lorsque le réceptionniste me réclame des tests Covid pour Léa et Gaëtan. Gaëtan est en pleurs sur le trottoir : le test lui fait très peur ! Mais de toute façon, il n’y a rien ici pour faire un test. Finalement, nous sommes acceptés sans test au prétexte que nous ne restons qu’une seule nuit.
Une fois installés, nous vérifions sur internet les règles en vigueur en Autriche : c’est la règle des 3G à partir de 12 ans pour les locations, camping, hôtels, restaurants (vacciné, testé ou guéri). En contrepartie, le masque n’est pas requis, même dans les parties communes. Et c’est vrai que la première chose que m’a demandé le réceptionniste, c’est d’enlever mon masque !!! Par contre, le masque est obligatoire dans les transports, les commerces et les musées (mais pas forcément le FFP2, ouf !). Donc normalement, pas besoin de test pour les enfants, sauf lorsque nous serons à Vienne où la règle des 3G s’applique dès 6 ans.
La piscine est froide mais Léa et Gaëtan s’en moquent. Personnellement, dans ces cas là, je suis toujours volontaire pour rester à la tente avec Mathis qui dort !!! Les enfants passent le reste de la journée à guetter les myocastors et les grenouilles de l’étang.
Le soir venu, je sors des sanitaires et j’aperçois Mathis tout seul à genou au bord de la piscine (c’est là que je réalise qu’il n’y a aucun système de sécurité autour de la piscine). Je le rejoins :
– qu’est ce que tu fais ?
– je sauve les petites bêtes, elles sont encore vivantes (et en effet, Mathis est en train de repêcher les fourmis volantes et autres insectes tombés dans l’eau)
– Mais il y en a beaucoup, tu ne peux pas toutes les sauver.
– Alors il faut sauver au moins les petites.
– Pourquoi les petites ?
– Parce qu’elles ne sont pas adultes et c’est trop triste d’être mort avant d’être adulte.
Que répondre à ça ? Je me suis mise à genou et j’ai sauvé les petites bêtes.
Samedi 31 juillet : en route pour Linz, 3 traversées du Danube en bateau et de belles rencontres !
Ce matin, nous nous activons pour partir tôt car nous avons beaucoup de route jusqu’à Linz. Nous retrouvons la route au bord de l’eau et passons de magnifiques gasthaus toutes fleuries. Cela donne envie d’y dormir au moins une fois !
Au détour d’un virage, un homme en sens inverse s’arrête brièvement pour nous dire qu’il faut faire demi-tour, car la route est fermée. Nous hésitons sur la marche à suivre car il n’y a pas de pont à proximité et la route alternative grimpe sur la colline. En bon français qui se dit que les interdictions, c’est pour les autres, on se dit que le Danube semble être redescendu à un niveau raisonnable, et que, peut être la route est tout de même praticable. C’est alors qu’une famille espagnole arrive à son tour : il n’y a pas le choix, il faut faire 1/2 tour, il y a un mur sur la route à 5 km d’ici !!! Bien contents de ne pas avoir fait 10 km pour rien, nous retournons au village précédent car il y a un bac pour les vélos. Nous réalisons alors que l’info était écrite sur un grand panneau, sauf qu’en Autriche, ils n’utilisent pas « geschlossen » pour dire « fermé » mais un autre mot que nous ne connaissons pas (« gesperrt » de mémoire).
De nombreux cyclistes commencent à s’agglutiner au bord du quai. Ils ont presque tous le même vélo avec des sacoches bleues. Heureusement, le bateau est assez grand et en tassant bien, nous embarquons tous. La piste de l’autre côté est tout aussi agréable et nous finissons par apercevoir le fameux mur. C’est clair qu’on ne serait pas passé !
Il est 11h lorsque la signalisation de la piste cyclable indique qu’il faut retraverser. Sauf que cette fois-ci, le bateau est tout petit et ne prend les vélos que par paquet de 16. Nous attendons 50 minutes avant de pouvoir embarquer. Manque de bol, aujourd’hui, le sac des provisions est vide, nous ne pouvons même pas en profiter pour pique niquer ! Par contre, cela nous laisse le temps de discuter avec nos voisins. Au départ, il y a juste une personne qui demande où nous allons : mais quand je réponds « Sofia », ils sont plusieurs à réagir ! Il n’en faut pas plus pour que les questions fusent. Un peu d’allemand, un peu d’anglais, je trouve qu’on se débrouille assez bien. Nous faisons aussi connaissance avec des luxembourgeois très sympathiques qui ont ces fameux vélos à sacoches bleus. Ils font une croisière vélo sur le Danube : chaque jour, ils ont le choix entre faire l’étape en bateau ou en vélo. Quelle bonne idée pour voyager léger et ne pas se soucier de la météo ! Aujourd’hui, ils vont jusqu’à Linz, comme nous. Du coup, nous allons souvent revoir les même personnes tout au long de l’après midi, en particulier un groupe de 4 mamies en VAE qui font leur pause « glace » en même temps que nous, à Aschach an der Donau.
Les panneaux EV6 (c’est la R50 dans ce coin de l’Autriche) pour Linz nous indique qu’il faut de nouveau traverser le Danube. Heureusement, cette fois-ci, le bac est grand et part dès que nous embarquons. Il fonctionne avec une poulie qui coulisse sur un immense câble accroché de chaque côté du fleuve. C’est très ingénieux et rudement efficace : c’est l’énergie du fleuve qui sert à déplacer le bac, qui n’utilise aucun moteur.
Nous arrivons enfin à Linz à 17h15 après 60 km de vélo. Mais la journée n’est pas finie car l’appartement que nous avons loué sur booking est dans la banlieue et nous avons encore 8 km à faire ! Ce n’est qu’une heure plus tard que nous mettons enfin pied à terre.
Nous sommes dans un quartier résidentiel très calme et l’appart est super sympa. Pour conclure cette longue mais très belle journée, je profite d’avoir une vraie cuisine pour faire quelque chose dont je rêvais depuis longtemps : une bonne ratatouille !
Dimanche 1er août : sur les conseils du propriétaire de l’appart, nous avons identifié 3 choses à faire à Linz, le centre Ars Electronica, le train qui grimpe en haut de la colline à Pöstlingberg et l’exposition annuelle du Hauhenräusch « Comme au paradis » (pour une fois, on fait l’impasse sur la cathédrale !).
C’est vraiment le hasard, mais c’est presque toujours le samedi soir que nous débarquons dans les grandes villes. Cela ne nous facilite pas la vie car c’est plus compliqué pour trouver un logement pas trop cher, et aussi pour faire les courses car les supermarchés ferment à 17h le samedi. Du coup, nous nous retrouvons à visiter le dimanche quand tous les magasins sont fermés !
Dans notre programme à Linz, 2 activités sur 3 se passent en extérieur et forcément, aujourd’hui, il pleut une bonne partie de la journée. Nous les ferons donc demain et nous pouvons rester tranquillement à l’appart ce matin.
Nous arrivons au centre Ars Electronica en milieu d’après midi. Appelé « musée du futur », c’est un centre dédié aux nouvelles technologies. Certaines parties sont très techniques, notamment celles en lien avec le cerveau mais il y a un étage pour les enfants et un cinéma en 8K. Du coup, nous sommes restés 2h30 en ne faisant que les parties les plus ludiques. On serait resté plus longtemps si on avait pu, mais c’était la fermeture !
Les enfants ont particulièrement apprécié le cinéma 8K. La séance spécial famille a pour objectif de leur faire découvrir des applications pratiques de ces nouvelles technologies par des jeux. Mieux vaut comprendre un minimum l’allemand mais c’était à notre niveau. Nous avons également fait la séance dédié à l’espace. Les images projetées : éruption solaire, puis voyage au delà de la galaxie sont époustouflantes. Là, une traduction aurait été la bienvenue !
Lundi 2 août : comme prévue, la météo s’est améliorée et nous continuons nos visites à Linz avec notre coup de cœur, le Hauhenräusch !
Comme nous partons tout de même aujourd’hui (idéalement en début d’après midi), nous vidons l’appart avant de partir et stockons tout dans le jardin.
Nous avons 5 minutes de marche jusqu’au bus mais celui-ci nous file sous le nez, ce qui nous oblige à attendre une vingtaine de minutes pour le suivant. Nous en profitons pour prendre les billets pour Pöstlingberg. Le trajet pour le centre ville prend une bonne demi-heure (bus puis tram) et quand nous arrivons à la place centrale, le train pour Pöstlingberg vient de partir et il faut attendre encore 25 minutes ! Tous ces contre temps sont assez contrariants. Je me rends compte qu’après tous ces jours en vélos, nous avons perdu l’habitude de dépendre d’autre chose que de nos mollets pour nous déplacer (et aussi de la météo, il faut bien l’avouer).
Le trajet en train ne nous impressionne pas beaucoup et une fois en haut, la vue est assez brumeuse. Nous préférons redescendre très vite car notre objectif principal aujourd’hui, c’est le Hauhenräusch. Il s’agit d’un centre qui organise tout les ans une exposition qui a la particularité de se dérouler en partie sur les toits. Les espaces proposés aux artistes (environ 35 artistes différents) sont très variables. Certaines installations sont très grandes, il y a des vidéos, des décors dans lesquels on peut se promener. Nous y avons passé presque 3h. Il faut prendre le temps de lire les explications afin de saisir l’intention de l’artiste mais cela permet de rentrer petit à petit dans l’esprit du lieu et ensuite, on ne veut plus en partir !
Le thème de l’année 2021 « Comme au paradis » a vraiment été abordé de façon très variée. Le thème de la nature, notre paradis terrestre en train de disparaitre, revient plusieurs fois. Mais on rencontre aussi des fans de Madonna, des poules qui viennent tester le bonheur de faire du shopping, un bateau volant, un brouillard pour avoir le plaisir de se disparaitre un instant … Lorsque nous poussons la dernière porte, nous nous retrouvons dans une église, et lorsque nous poussons la porte de l’église, nous sommes en face du magasin de cannabis : est-ce cela la réponse finale que nous propose l’exposition ???
La journée n’est pas finie car nous avons encore notre étape de vélo à faire ! Le proprio de l’appart commençait à se dire qu’on allait faire une nuit de plus quand nous débarquons à 16h. La sortie de la ville par la zone industrielle est assez longue. Mais lorsque nous arrivons enfin au bord du Danube, la lumière du soir est magnifique, l’air est doux, c’est idéal pour pédaler jusqu’au camping de Au an der Donau (nom assez étrange). L’endroit est super mignon et l’accueil à la réception très chaleureux (ça change de Schlögen et cela me sera bien utile demain !!!).