Mardi 24 août : en route pour la forêt de Gémenc !
Nous sommes les premiers levés à 6h30. Une fois les tentes pliées et le petit déjeuner expédié, les enfants filent vers le terrain de foot. Pour une fois, je n’ai pas trop de scrupules à les laisser jouer à proximité des tentes des jeunes qui ont fait du bruit jusque tard dans la nuit. Chacun son rythme biologique ! C’est très drôle de regarder les enfants jouer car ils sont fans du dessin animé « Foot de rue extrême » et je vois bien que Mathis essaie de reproduire ce qu’il voit dans les épisodes !
Nous retrouvons le trajet de l’eurovélo 6 et des petites routes secondaires défoncées. L’odeur des champs de tournesol est enivrante. Il y a énormément de rapaces dans la région. Ils sont postés sur les poteaux ou parfois dans l’herbe et s’envolent à notre approche. Nous apercevons des gens qui ramassent des légumes à la main dans un champs, ce qui n’est pas si fréquent : il s’agit de paprika, une spécialité de la région. Nous verrons plusieurs champs dans la matinée.
Nous quittons notre chère digue pour aller faire des courses dans un village. Une mamie tient un petit stand de légumes à côté du COOP. Elle a une vieille balance à un plateau qui intrigue les enfants. Du coup, ils s’entraînent à la manipuler. C’est ça, l’apprentissage en voyage, il faut savoir saisir les occasions quand elles se présentent !
Dans le village suivant, où nous trouvons un parc pour la pause du midi, une bonne odeur de pain à l’ail flotte dans l’air ! J’en ai acheté tout à l’heure au COOP, mais ce serait encore mieux d’avoir du pain tout chaud. Malheureusement, nous ne trouverons pas la source de cette odeur.
La digue de l’après midi est bitumée et vers 15h, nous arrivons au pont qui permet de traverser le Danube et rejoindre la forêt de Gémenc. Si on reste sur l’Eurovélo 6, on rejoint directement Baja qui se trouve au sud de la forêt. C’est pourquoi nous préférons bifurquer ici pour rejoindre le centre touristique de Keselyus, situé au nord ouest de la forêt. Si nous avons choisi de passer par là, c’est parce que la forêt de Gemenc est réputée pour l’observation des cerfs. Un petit train traverse la forêt (les trains forestiers semblent être une chose habituelle en Hongrie) et permet de rejoindre des circuits à faire à pieds, des points d’observation … Ça a l’air sympa et nous avons prévu de passer la journée du lendemain en forêt.
Pour rejoindre Keselyus, nous suivons une piste qui longe la forêt. Il y a quelques maisons par-ci par-là, un troupeau de vaches, des bûcherons. Quand nous arrivons au centre, nous comprenons tout se suite qu’il est fermé. Et grâce à google translate, il apparaît que c’est pour une durée indéterminée ! Nous appelons le centre d’information de Porboly, au sud de la forêt. Non seulement, le centre est fermé, mais le train ne circule que le week-end et il n’y a aucune sortie d’observation de prévue. Grosse déception et conseil de guerre pour décider de la suite. Il est assez clair que notre seule option de voir un peu la forêt est de la traverser en vélo. C’est ce que nous pensions faire de toute façon le surlendemain pour rejoindre Baja. Reste à décider si nous partons tout de suite (il est 16h) pour faire les 30 km jusqu’à Baja ou si nous campons ici et roulons tôt demain matin. Léa, qui rêve de faire du « camping sauvage » veut absolument camper ici au bord de la forêt. Mais pour cela, il nous faut refaire le plein d’eau. Mic part remplir les bidons à une maison voisine et je récupère 2 bouteilles d’eau dans un camping car de passage.
Nous voici avec un peu de temps libre. Mic fait du drone au dessus de l’étang voisin. Les garçons vont jouer au bord de l’eau. Léa écrit dans son carnet de voyage. Je fais une recherche de trous dans un matelas. Mathis tombe dans l’étang et revient trempé (mais il parait que l’eau est tiède!). La routine !
Nous montons les tentes sous l’auvent du centre d’information car cela nous met à l’abri des regards. Et à la tombée du jour, nous allons faire un petit tour en forêt sur le sentier balisé qui part du parking. Il fait 1,5 km. Nous sommes emmitouflés de la tête aux pieds pour offrir le moins de possibilités aux moustiques mais tant que nous marchons, ils nous laissent tranquilles. Nous ne voyons rien lors de cette petite marche mais les enfants sont très impressionnés par le fait de cheminer en silence dans la pénombre, à l’affût du moindre mouvement dans les buissons.
La nuit est très tranquille. Nous entendons très peu de bruit d’animaux, juste quelques oiseaux.
Mercredi 25 août : au menu du jours, des sangliers, une soupe de poisson et Jean-Louis !
Nous nous levons tôt dans l’espoir de voir des animaux. Comme hier, nous commençons par suivre une piste en lisière de la forêt. Nos espoirs de voir des animaux sont vite refroidis lorsque nous commençons à croiser des voitures sur la piste. Mais que font donc ces gens ici à cette heure là ???!!!
Nous distinguons des formes noires sur la piste devant nous. Des sangliers ! Nous roulons doucement vers eux mais voilà qu’une voiture arrive de l’autre côté. Quel manque de chance ! Mais les sangliers ne semblent pas très impressionnés et la voiture doit s’arrêter devant eux pour qu’ils daignent descendre sur la pente vers la forêt. Une fois la voiture partie, nous continuons à avancer : comme ils n’ont pas l’air farouche, il y a des grandes chances qu’ils soient toujours là. Et en effet les sangliers sont restés sur la pente et il y en a beaucoup plus que ce que nous pensions (toute une famille en fait, les 2 parents et 7 à 8 petits) ! Mic et Mathis restent un peu en arrière (Mathis n’avait pas très envie de voir des sangliers) et je m’approche avec les enfants. Nous stoppons à leur niveau et mettons pieds à terre. C’est la débandade : ils dévalent la pente et foncent dans la forêt droit devant eux dans les buissons.
Nous sommes ravis d’avoir vu quelque chose et nous poursuivons notre route en quête des fameux cerfs. D’après notre carte, nous pouvons bifurquer dans la forêt. Le sentier n’est pas spécialement fait pour les vélos et nous avançons doucement sur une piste un peu défoncée. Nous croisons les rails du train et arrivons à une station intermédiaire. Des sentiers balisés partent de là mais nous abandonnons vite l’idée de marcher dans la forêt car nous sommes assaillis de moustiques ! C’est un enfer ! La seule solution, c’est de rouler !
La forêt est belle, avec des parties assez différentes, de petits cours d’eau. C’est déjà une belle balade et cela nous change de nos paysages habituels. Nous n’en sortons que pour prendre le pont qui permet de rejoindre Baja.
Le camping est sur une sorte d’île toute proche du centre ville et j’ai repéré un restaurant au niveau du pont (nous avons plein de liquide à écouler car nous quittons bientôt la Hongrie, alors on en profite !). La ville est connue pour sa soupe de poisson (il y a même un festival) et je me régale.
Nous avons planté la tente en face des jeux pour enfants. Il y a aussi un petit terrain de foot, mais son accès est payant. Nous le privatisons pour 45 minutes et transpirons un bon coup avec les enfants !
Au camping nous faisons connaissance avec Jean-Louis, qui est parti des Sables d’olonne et va lui aussi à Sofia. C’est intéressant d’échanger sur nos voyages respectifs car nous avons une approche très différente. Nous suivons un circuit balisé, que nous avons aussi sur nos téléphones. Nous utilisons beaucoup internet, pour planifier nos visites, pour chercher un logement ou un camping, pour anticiper les jours de pluie. Jean-Louis voyage comme nous l’avons fait il y a 13 ans, à Madagascar : il n’a pas internet et a préparé tout son voyage sur des cartes. Il ne passe que par de petits villages et fait essentiellement du bivouac. C’est par hasard qu’il se trouve aujourd’hui sur l’EV6.
Nous envisageons un moment de faire route ensemble le lendemain mais nos itinéraires sont trop différents. Jean-Louis va partir vers l’Est pour passer en Roumanie tandis que nous continuons vers le Sud pour aller en Serbie. Mais sait-on jamais, nous nous retrouverons peut-être en Bulgarie !