Que visiter à Thessalonique ? Les musées ne manquent pas, les églises non plus (Thessalonique est la deuxième ville de Grèce). Mais nous n’avons pas trop de motivation pour tout cela. Nous sortons tout de même faire un tour des principaux monuments du bas de la ville (nous avons déjà vu le haut lors de notre arrivée en vélo hier). Et nous finissons notre circuit par le marché modiano (ou du moins le quartier juif dans lequel il se trouve car les limites du marché ne sont pas très claires). Là, les étals des poissonniers sont impressionnants. Et tout à l’air super frais. Ce n’est pas souvent que nous cuisinons du poisson en voyage alors je ne pouvais pas laisser passer une telle occasion : une sole, 2 rougets et des cigales de mer ! Côté fruits et légumes, nous faisons aussi le plein. Les fèves sont parfaites, comme si le jardin où on les avait cueillies se trouvait de l’autre côté de la rue.
Coté visite, j’étais surtout intéressée par l’ensemble rotonde/arc/palais de l’empereur Galère et le musée qui va avec. Mais hier c’était fermé à cause du 1er mai et aujourd’hui, c’est fermé parce que c’est mardi. Quelle galère 🙂
Finalement, cette journée aura au moins permis 3 choses :
à Michaël d’aller courir ce matin, ça faisait un bail !
à Gaëtan de rattraper son retard dans son carnet de voyage
à retravailler notre itinéraire jusqu’aux Météores : nous abandonnons l’idée d’aller jusqu’à Kastoria et, à la place, nous passons au pied du mont Olympe pour ensuite rejoindre les Météores. Grâce à ce nouvel itinéraire, on divise par 4 le dénivelé et on se donne l’opportunité de randonner sur la montagne des dieux.
Mercredi 4 mai : la gentillesse des habitants dans la campagne macédonienne.
Ce matin, la journée commence bien. Du soleil, une super boulangerie à 2 pas de chez nous (kokkino, juste derrière la rotonde) et un début d’étape sympathique au bord de mer en passant par la rue piétonne. Bref, tout va bien. Mais il nous faut quitter la côte pour bifurquer vers l’intérieur des terre et là, la circulation devient plus dense, avec beaucoup de feux, ça n’avançe pas. Puis, au fur et à mesure que nous quittons la ville, nous partageons la route avec des camions à la queue leu leu, et des gens qui roulent de plus en plus vite. Il faut sortir de là.
Nous prenons la première route qui se présente à droite et étudions la carte d’un peu plus près. Pour quitter cette grande route, il faut prendre de petits chemins : ce sera moins direct et ça risque de grimper un peu plus mais au moins on prendra moins de risque et ce sera tellement plus sympa. Et avec un peu de musique, c’est encore mieux (première fois que nous ressortons l’enceinte depuis Sofia).
Nous roulons sur une route goudronnée mais il va falloir prendre à gauche à un moment et on a bien vu que la route allait passer en terre. Cela ne nous inquiète pas mais alors que nous passons devant une maison, un fermier nous arrête. Il ne parle que le grec mais nous comprenons assez vite qu’il nous déconseille de continuer par là. Nous hésitons à faire demi tour. Comment faire pour ne pas vexer les gens si on ne peut pas leur expliquer qu’ils ne doivent pas s’inquiéter pour nous ? Et si vraiment ça ne passait pas sur ce chemin-ci ? Le fermier nous demande comment on dort et quand on lui mime qu’on a une tente, il va fouiller dans sa voiture et ressort avec 2 gros paquets d’Emmental et 2 brioches. C’est vraiment trop gentil. Bien sûr, nous avons tout ce qu’il nous faut pour pique niquer et même pour bivouaquer mais il ne nous laisse pas le choix et dépose le tout sur les genoux de Mathis. Comme nous hésitons encore sur la marche à suivre, il repart chercher 2 brioches ! Merci, merci ! C’est trop ! Nous prenons le tout (en culpabilisant de le dépouiller ainsi de ses provisions) et nous faisons demi-tour. Son geste nous a beaucoup touché. Il a très probablement plus besoin que nous de cette nourriture mais que faire dans ces circonstances ? Nous revenons un peu en arrière pour prendre une autre route parallèle et finissons par nous retrouver sur un chemin de terre. C’est assez sec et roulant. Même si on n’avance pas très vite, c’est plutôt agréable d’être en pleine nature.
Enfin, nous débouchons dans un village, juste au niveau d’un espace pique nique au milieu des sapins. Des bancs, une table, un point d’eau et aucune habitation à proximité : le lieu est idéal pour un bivouac. Dommage qu’il soit si tôt !!! Par contre, nous en profitons pour pique niquer.
L’ après midi, nous restons sur des routes bitumées en allant de village en village. C’est assez vallonné, mais tellement agréable de rouler entourés de fleurs sauvages et d’acacias parfumés (je regrette vraiment d’avoir laissé la bouteille d’huile à Thessalonique !).
Alors que nous passons dans un village, un homme traverse la rue les bras chargés de petites bouteilles d’eau et me les tend. Je suis tellement surprise que j’ai juste le réflexe d’en attraper 2 sans même m’arrêter (nous sommes dans une petite côte et je suis concentrée sur le bout de la rue). Prise de remord, je stoppe au carrefour. Heureusement Michaël s’est arrêté et remercie le gérant de l’épicerie. Celui-ci a tenu a nous donner 5 bouteilles (bien fraîches). Décidément, c’est la journée des cadeaux !
Enfin, nous arrivons à Pella. Il y a un important site archéologique et le musée qui va avec, mais cela ressemble un peu à Philippi. Nous décidons de faire l’impasse sur le musée et préférons nous garder un peu de temps pour trouver un bon spot de bivouac (nous avons très peu d’expérience en la matière). Finalement, nous nous posons quelques km plus loin, de l’autre côté du site archéologique (vers une ancienne entrée si on en croit les panneaux et la cahute encore présente). Ce n’est pas un endroit particulièrement joli mais il répond aux critères d’isolement et de discrétion. Et les enfants s’amusent à gratter la terre avec des bambous alors, que demander de plus ????
Jeudi 5 mai : de Pela à Edessa, premier café grec et erreur de réservation !
Ce matin, une voiture s’est arrêtée à côté des tentes et 2 hommes sont descendus. Les enfants dormaient encore dans la grande tente et de notre côté, nous n’avions pas encore bougé de nos duvets. Nous avons attendu et personne n’est venu nous voir. Après un moment, la voiture est repartie (peut être ces gens avaient-ils juste des choses à faire dans l’ancien bureau du parc ?).
Après cette petite visite, plus personne. Nous plions tranquillement et repartons sur nos routes de campagne. Nous avons bien fait de nous arrêter à Pella hier pour bivouaquer car plus loin, il n’y a que des champs cultivés, on aurait eu plus de mal à trouver un coin !
Alors que nous arrivons dans un village, nous croisons un homme en fauteuil motorisé. Nous échangeons quelques mots en anglais. Puis soudain, il demande : « vous avez le temps pour un café ? ». Il est 11h50, c’est plutôt l’heure du pique nique mais ce serait dommage de rater l’occasion d’une rencontre ! Va pour le café ! Nous roulons tous ensemble vers un son bar habituel et nous nous installons en terrasse. J’en profite pour commander un café grec. Qu’est ce donc ? Ben, c’est un café turc voyons ;)))) J’aime bien ce genre de café, qui est assez fort en goût, par contre, la serveuse m’avait mis beaucoup trop de sucre !!!
Nous discutons d’un peu de tout avec notre hôte. Du voyage bien sûr, mais c’est plutôt les grecs et la Grèce qui m’intéressent. Evidemment, on ne peut pas considérer que les opinions d’une personne rencontrée dans la rue valent pour tous les grecs mais par exemple, j’aime bien poser des questions sur l’Ukraine pour savoir comment c’est vu par ici. La réponse est directe : « pourquoi soutenir des fascistes plutôt que d’autres fascistes ??? ». Notre hôte nuance ensuite un peu sa réponse, en citant l’exemple de Chypre, en partie annexée par les turcs dans les années 70 sans que personne ne s’en offusque. Et maintenant, tout le monde se bat pour l’Ukraine ? C’est la vieille histoire de 2 poids, 2 mesures. Et probablement une question d’argent et d’intérêt économique. L’ Europe en prend encore pour son grade avec la question de l’électricité et la fin des centrales à charbon (34% de la production d’électricité en Grèce). La transition coûte cher et il nous explique avoir payé 600 euros d’électricité pour 2 mois alors qu’il ne se chauffe même pas à l’électrique … Les enfants sont l’occasion d’aborder des sujets plus légers : à Gaëtan qui vient de perdre une dent, il explique qu’en Grèce, les parents jettent la dent de lait sur le toit et c’est un oiseau qui apporte ensuite des pièces pendant la nuit !
Après ce moment très sympathique, nous prenons congés et roulons jusqu’au village suivant, où nous trouvons une place paisible et une petite supérette juste à côté. C’est tellement pratique que chaque village ait ainsi de quoi faire des courses. Juste avant de partir, Michaël réserve notre hôtel du soir sur booking. Il a trouvé un super endroit avec piscine et méga petit déjeuner. Edessa n’est plus très loin et j’ai pris Mathis sur mon vélo. Nous ne le faisons pas souvent car même réglé au minimum, mon tandem est un peu grand pour lui et il doit s’allonger pour pédaler. Mais c’est surtout moins pratique d’avoir Léa et Gaëtan sur le tandem rouge car le changement de réglage du pédalier est plus difficile à faire lors des permutations.
Edessa est en vue, et bien en vue, perchée au sommet d’une falaise. Nous arrivons par de petites routes au milieu des vergers de cerisiers, une spécialité du coin (malheureusement, nous avons quelques semaines d’avance et les cerises sont encore bien vertes). Dans les terrains proches des falaises, on peut voir de petits abris avec table, chaises et BBQ. Ce doit être vraiment sympa de venir sur son terrain, le dimanche, au milieu des arbres fruitiers pour faire chauffer le BBQ !
Pour monter en ville, Komoot nous proposait un chemin assez direct dans la falaise, que nous avons décliné (et nous avons bien fait car il s’agissait des escaliers !). Nous prenons la route principale qui est déjà bien raide ! Les enfants descendent et marchent sur le bas-côté tandis que nous montons les tandems (j’arrive en haut à bout de souffle et le cœur à 200 à l’heure !). Tout le monde a envie de se poser et ça tombe bien, l’hôtel n’est pas loin. L’ accueil est très sympa : on nous fait tout de suite de la place dans la partie restaurant (qui est fermé pour cause de covid) pour les vélos. Et alors que le réceptionniste enregistre nos passeports, je lui demande à quelle heure a lieu le petit déjeuner : « Il n’y en a pas ! ». Il m’explique que depuis le 1er mai, c’est en effet de nouveau possible de faire de la restauration (de nombreuses restrictions Covid ont été levées), mais ici, ils préfèrent attendre encore un peu et voir comment la situation sanitaire évolue.
Bizarre, cela ne colle pas avec ce que nous avions vu sur booking. Mic essaie de retrouver les infos pendant que nous déchargeons les sacoches. Je suis devant l’ascenseur avec enfants et bagages lorsqu’il arrive : « Je me suis trompé d’hôtel !!! ». Celui-ci n’a ni piscine, ni petit déjeuner et il est beaucoup plus cher ! Retour à l’accueil où le réceptionniste, gêné, appelle son patron au téléphone pour que nous nous expliquions directement avec lui. Il s’avère que le fameux super hôtel (qui a presque le même nom que celui-ci) est à 2 km d’ici, en bas des falaises ! Le responsable accepte tout de même que nous annulions. Nous ré-équipons les vélos et filons au square juste en face pour chercher un plan B : ce sera un appart tout près d’ici pour la moitié du prix de l’hôtel. Il est équipé d’une boite à clé, ce qui nous permet, dès la demande de réservation acceptée, d’avoir le code et d’accéder à l’appartement. Ouf, on n’a pas fait toute cette grimpette pour rien !
Nous ressortons dans la soirée pour aller manger vers le parc des cascades. La vieille ville d’Edessa s’est construite à côté des cours d’eau qui servaient pour le fonctionnement des moulins et des métiers à tisser. Mais la ville moderne s’est étendue autour des cours d’eau qui traversent paisiblement la ville (il y aurait 71 ponts dans toute la ville) jusqu’au parc des cascades. Nous ne savions pas trop à quoi nous attendre mais nous ne sommes pas déçus. L’eau arrive par de petits canaux. Puis la pente s’accentue juste avant la falaise : on dirait un toboggan géant qui se transforme en torrent puis en cascade ! Demain, visite complète du site !
Vendredi 6 mai : tour des cascades et de la vieille ville !
Après avoir négocié 2h de rab sur le checkout, nous retournons au parc et nous descendons voir la grande cascade de plus près. On peut passer derrière le rideau d’eau.
Une petite grotte se visite à cet endroit là. C’est une grotte un peu particulière car c’est la cascade qui a créé la grotte, non pas en la creusant comme on pourrait l’imaginer, mais en créant des formations grâce au dépôt du calcaire dissout dans l’eau. Au fil du temps, la paroi en surplomb s’est fermée, et a ainsi créé la grotte. Elle est toute petite mais assez amusante à visiter.
De retour à l’extérieur, les enfants insistent pour descendre les escaliers et traverser le pont au pied de la cascade. Cela permet d’aller voir d’en bas la cascade suivante. On va se faire mouiller par les embruns, c’est sûr, mais il fait beau. Je me laisse convaincre, mais je n’avais pas évalué à quel point on allait se faire doucher ! Le temps de descendre, on reçoit des seaux d’eau sur la tête pendant qu’on patauge dans les escaliers complètements innondés … Même en allant le plus vite possible, on ressort trempé (surtout qu’on a repris la même douche pour remonter !).
Tout en essayant de sécher un peu, nous nous baladons dans le quartier de Varossi qui abrite des moulins et de vieilles maisons ou églises. L’ une d’elle est particulièrement ancienne. La ville est vraiment construite au bord de la falaise et nous avons de beaux points de vues sur la vallée et de magnifiques jardins (où on se verrait bien faire la sieste !).
Mais nous devons rentrer au pas de course à l’appart pour vider les affaires. Petites courses et repas sur place avant de repartir en vélo pour une dernière visite : le pont byzantin ! Edessa valait bien le détour !
Nous sommes partis tard de la ville mais nous n’avons pas l’objectif précis pour ce soir. Nous roulons dans la campagne sur des chemins assez vallonnés. Ici, nous croisons surtout des tracteurs ou des pick-up ! Régulièrement, les gens s’inquiètent de nous voir sur ce genre de route et veulent nous renvoyer sur la route principale. Mais nous leur faisons signe que tout va bien. Lorsque nous arrivons en haut de la dernière colline, nous découvrons un petit espace d’herbe rase, assez plat, avec de beaux points du vue sur les montagnes. Parfait pour un bivouac. La descente attendra demain matin ! Seul petit soucis, une voiture est garée dans la prairie voisine. Histoire de ne pas avoir de mauvaise surprise plus tard, je vais voir son occupant pour demander l’autorisation de rester dormir. Cela ne semble poser aucun problème. L’ homme se repose dans sa voiture en écoutant de la musique. On se demande un peu ce qu’il fait là. Même pas un troupeau à surveiller ! Il ne partira que vers 18h45. Mais lorsqu’il passe vers les tentes, il s’arrête et nous dit « alors vous allez dormir ici ? » Il n’avait pas du me croire ou me comprendre tout à l’heure. Il nous tend alors 4 croissants au chocolat et un coca. Décidément, on va finir par s’habituer !!!!
Peu après, nous voyons arriver 2 Vttistes sur le chemin. Ce sont 2 collègues qui travaillent dans une station service d’Edessa et nous ont vu passer aujourd’hui. Ils sont contents de nous revoir et d’avoir l’occasion d’en savoir plus. Quand on explique qu’on est partis en juin dernier de France, ils s’exclament : « Mais nous, on travaille tous les jours ! On est des esclaves … ». Oui, on sait, on a vraiment de la chance de vivre cette aventure !