J78 et 79 : de Bezdan à Novo Celo

Dimanche 29 août : Nous quittons notre petite maison de Bezdan pour notre première étape 100% serbe et on ne va pas être déçu du voyage !

Il a beaucoup plu pendant la nuit mais cela ne nous gène pas car nous débutons la journée sur de belles routes peu circulantes. Alors que nous traversons un village, j’entends derrière moi une voix dire « Ça fait plaisir d’entendre parler français !« . Il s’agit de 2 femmes qui se promènent. Cela se voit assez vite qu’elles ne sont pas en voyage itinérant. Et en effet, elles m’expliquent qu’elles sont là pour la chasse. J’avais effectivement lu sur internet que cette partie de la Serbie était réputée pour la chasse au cerf, mais je ne pensais pas que la chasse était déjà ouverte. Nous voici prévenus.
 
Au carrefour suivant, le village de Palatin est indiqué, soit par la route, soit par un chemin non goudronné. Celui-ci fait 20 km de moins. C’est quand même tentant !!! « Attention à ne pas transformer une petite étape en une journée de galère » prévient Michael. Mais nous tentons tout de même le coup (en négligeant le fait qu’il a plu toute la nuit dernière !). Le début du chemin est en terre bien dure, avec des flaques. Nous avançons facilement mais cela ne dure pas et nous nous retrouvons dans une allée en herbe cabossée, puis sur une large piste en sable. On avance pas très vite mais le pire est à venir : la boue et pas n’importe laquelle, une sorte de glaise qui colle aux pneus. Une fois qu’on a roulé dedans, elle s’agglutine jusqu’à bloquer complètement la roue. Nous poussons les vélos et nous nous embourbons nous aussi. Nos chaussures pèsent une tonne. J’ai l’impression de marcher avec des talons hauts ! Nous raclons les roues avec des bâtons mais on peut recommencer tous les 10 m ! Heureusement nous retrouvons la route. Les vélos sont dans un état lamentable et nous passons un long moment à les nettoyer. Cela amuse les enfants, mais c’est surtout indispensable si on veut que les roues puissent tourner et les freins freiner. Nous avons peut être économisé des km mais pas sûr qu’on ait gagné beaucoup de temps !
 
Nous sommes maintenant en pleine campagne, le long d’une petite forêt. Des coups de feu résonnent. Manifestement quelqu’un s’entraîne au tir. Je ne suis quand même pas sereine et j’ai l’impression de voir les feuilles des arbres frémir à côté de nous ! Nous débouchons sur une route plus importante. Nous sommes arrivés à l’intersection qui mène au camping prévu pour ce soir. Il est censé se trouver au bout du sentier qui s’enfonce dans la forêt. Gaëtan part en reconnaissance, pour la forme, car nous n’avons vraiment pas envie de stopper ici et de nous enterrer dans ce trou le reste de la journée. De plus, le camping semble fermé. Nous décidons d’enchaîner directement sur l’étape du lendemain. 
 
Le temps est bien gris et nous roulons sur une route déserte au milieu des champs de soja. Une voiture s’arrête à notre hauteur alors que nous pique-niquons à côté d’un petit lotissement. Le conducteur est chauffeur routier. Il va partir demain et sera bientôt à Calais. Il adore la France !
 
Il nous reste 30 km à faire et une petite pluie fine commence à tomber. Le paysage est monotone, alors on met un peu de musique, on baisse la tête et on pédale … Nous arrivons sur une digue et le paysage devient plus agréable. Nous surplombons des étangs avec plein d’oiseaux, un sanglier, des biches … Par beau temps, cette partie doit être magnifique. La pluie devient plus forte. Mathis râle qu’il veut arriver au camping. Je le comprends, ce n’est pas une après midi très agréable et je m’en veux un peu de lui faire vivre des moments comme celui-là. Heureusement, il finit par s’endormir. 
 
Nous retrouvons la route en fin de journée et tombons sur un embouteillage de camions. Nous sommes à douane, juste avant la frontière avec la Croatie. La lumière du jour commence à baisser. La pluie est toujours aussi forte. Mais les enfants pédalent vaillamment sans se plaindre. Chapeau !
 
Nous n’avons aucun point de chute pour ce soir. Nous savons qu’il existe un camping dans le coin mais nous ne voyons aucune indication (je commence à avoir des doutes sur l’existence réelle des campings serbes) et de toute façon, vue la météo, il nous faut un abri au sec. Nous arrivons dans le village de Bogojevo et nous nous réfugions sous l’auvent du supermarché pour faire des recherches sur internet. Notre forfait ne fonctionne pas en Serbie (hors UE) et Michael a pris une option d’un mois spécialement pour la Serbie. Mathis s’est réveillé et tremble de la tête aux pieds. Léa et Gaëtan commencent à être mouillés sous leur K-way. Il est urgent de trouver un refuge. Sur Google Maps, Michael identifie 2 prétendus logements dans une petite rue pas loin. Nous la parcourons une première fois sans rien trouver. C’est une rue constituée de petites maisons individuelles. C’est finalement un passant qui nous désigne une maison en face. On sonne, un peu sceptique, mais le portail s’ouvre et un vieux monsieur nous fait entrer. 5 min plus tard, nous sommes assis à l’intérieur d’une petite maison qui me rappelle un peu celle de mes grands parents à Beffes.  Les vélos sont à l’abri, la bouilloire est en train de chauffer, les enfants se glissent sous les édredons. Qu’est ce qu’on est content d’être là !!!
 
Je lance rapidement la préparation du repas. Les pâtes se transforment en bouillie. Mais au moins, c’est chaud et avec un peu de feta et une tomate, ça passe. Une douche, puis une petite page d’écriture plus tard, les enfants ne se font pas prier pour se glisser sous les couvertures.

Lundi 30 août : la pluie a lavé le gris et les couleurs sont éclatantes ce matin !

Séance livre d'or !
Ce matin, il fait grand bleu au réveil. Nous sortons tous les vêtements mouillés qui n’ont pas du tout séché pendant la nuit. Les enfants découvrent avec émerveillement la cour intérieure avec les oiseaux, les tortues, les chats, le chien, les poissons et toute la décoration de bric et de broc. Notre hôte nous apporte des figues pour agrémenter le petit déjeuner puis son livre d’or. Les enfants écrivent tous un petit mot. Michael s’impatiente un peu mais l’endroit est tellement sympathique que nous n’avons pas envie d’en partir et la séance photo s’éternise !
 
Enfin nous reprenons la route. Pour la première fois du voyage, nous nous arrêtons pour acheter des bouteilles d’eau car l’eau du robinet avait vraiment mauvais goût hier. L’épicerie est minuscule et les 2 femmes qui s’en occupent fument sur le pas de la porte lorsque nous arrivons. Notre équipage les amuse beaucoup et elles sont tout sourire lorsque nous arrivons à la minuscule caisse avec 3 bouteilles d’eau et quelques bricoles à grignoter. Quel contraste avec la Hongrie où, la plupart du temps, les gens nous scrutaient d’un œil sévère dès qu’ils réalisaient que nous n’étions pas hongrois (ce qui arrivait assez vite lorsque les enfants m’accompagnaient …). Ici les gens ont le sourire et semblent heureux de voir des voyageurs. En plus, nous avons appris à dire bonjour en serbe et nous le pratiquons avec beaucoup de succès à chaque fois que nous croisons quelqu’un.
 
L’autre nouveauté du voyage, ce sont les ruches. Il y en a partout le long des routes et au pied de la digue. Certaines sont placées sur des remorques afin de pouvoir les déplacer facilement.
 
Nous roulons sur la digue le long d’une exploitation forestière et les tronçonneuses sont à l’œuvre. Un arbre, récemment abattu, est même tombé en parti sur la digue. Une voiture s’arrête à notre niveau. Le chauffeur explique à Michael qu’il faut faire demi-tour car plus loin, la route est en très mauvais état à cause des pluies. Nous apprécions le conseil mais cela fait déjà un moment que roulons (il est 11h30) et rebrousser chemin maintenant nous rallongerait considérablement. Nous prenons l’option de continuer et finalement le chemin n’est pas plus mauvais qu’ailleurs. Nous quittons les bords du Danube pour une piste bordée d’arbustes. Petite pause pour ramasser des prunes sauvages. Un peu plus loin, Michael nous propose de prendre une piste sur une courte distance afin d’éviter un gros détour par la route. Comme hier le début se passe facilement puis nous nous retrouvons de nouveau englués dans la glaise. Dire que nos vélos avaient été entièrement lavés par la pluie d’hier et regraissés ce matin !
 
Il fait chaud sur la route et nous avons le vent en face. Il n’y a pas vraiment de coin pour pique-niquer. Le mieux est de continuer jusqu’à l’hôtel. Nous grignotons les œufs durs avec une tranche de pain et continuons à pédaler. Les enfants s’adaptent maintenant assez facilement aux horaires très variables des repas ! 
 
Nous arrivons à destination à 15h et faisons un gros pique-nique à côté de l’hôtel. Un cyclo randonneur viens faire une pause avec nous. Il est allemand et il est parti de Passau il y a 8 jours. Dire que nous en avons mis 30 pour ce même trajet ! Depuis le temps que nous rencontrons d’autres cyclo randonneurs, nous voyons bien que nous sommes un peu atypiques. Déjà nous sommes quasiment la seule famille. Il n’y a qu’en Autriche que nous avons vu d’autres enfants en vélo. Ensuite, nous sommes presque les seuls à inclure des visites dans nos étapes. La plupart des gens sont là avant tout pour faire du vélo et font des étapes qui vont de 80 à 120 km. Il faut dire qu’ils ont souvent moins de temps que nous à leur disposition et une date de retour imposée. Nous avons cette chance de pouvoir prendre notre temps (même si la fin de l’été nous met un peu plus la pression pour arriver à Sofia avant le mauvais temps). 
 
Nous nous installons dans l’hôtel/restaurant. C’est un endroit magnifique, avec une déco à la mode et un mélange de bois et d’acier. Une superbe terrasse surplombe l’étang. En arrivant, nous avons repéré un terrain de foot où quelques enfants jouaient. Une bonne occasion pour Léa, Gaëtan et Mathis de rencontrer des enfants du coin. Je les envoie jouer là-bas, puis je vais voir comment ils se débrouille. Je les retrouve perchés sur les gradins, un peu timides, alors que 2 filles leur font signe de venir jouer. La communication reste très limitée car la maman ne parle ni anglais ni allemand. Les filles, Diana et Anna ne connaissent que quelques mots d’anglais mais Diana (11 ans) a très envie de jouer avec Léa. Et comme tout le monde sait jouer au foot, la glace est vite brisée !
 
En fin de journée, nous nous posons sur la terrasse. Il y a aussi un allemand qui se ressource un peu après une journée difficile hier. Il s’est perdu et a planté sa tente en pleine nuit sous la pluie. Il nous a vu passer vers la frontière croate, tandis qu’il s’abritait à la station service. S’il nous avait suivi il aurait dormi au sec !
 
L’hôtel n’a qu’un défaut : pas de climatisation si de moustiquaire, et un nid de guêpe juste à côté de la fenêtre. Hier on se blottissait sous les couvertures et cette nuit on meurt de chaud ! Au moins le linge sera sec demain.
un dernier petit tour sur le ponton de notrevmaison de Bezdan
un bras du Danube tout calme
C'était trop tranquille sur la route
Nous délaisson la route pour un chemin de terre bien tassée avec des flaques
puis un chemin très herbeux
et enfin du sable tassé mais trempé qui colle comme de la glaise
on comprend bien pourquoi on l'appelle un "garde boue"
Après la séance de nettoyage !
La pluie commence à la fin du pique nique
La pluie fait semblant de s'arrêter puis reprend de plus belle
SOS, on cherche un abri !!!
enfin au sec !
il n'a pas fait semblant de pleuvoir cette nuit...
Les tortues (il y en a 8 de différentes tailles)
La volière avec les oiseaux
L'extrémité de l'arbre est en travers de la piste
Bourbier n°2 : dire que la pluie avait lavé les vélos hier !!!
Mathis est tout heureux de marcher dans la boue !
retour du soleil et des champs de maïs grillés
Curieux cette différence de couleurs entre les rangées de soja !
Arrivée à l'hôtel !
Les lézards ne sont pas farouches et c'est très facile de les attrapper !
la superbe terrasse de l'hôtel

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