J97 à J99 : de Lom à Knezha, épisodes de canicule dans un paysage plutôt inhospitalier

Vendredi 17 septembre : 50 nuances de marron !

Le restaurant n’ouvre qu’à 11h, aussi nous avons la terrasse pour nous tous seuls ce matin. C’est reparti pour une nouvelle journée de vélo. Nous enchaînons les étapes depuis les gorges du Danube. Il faut dire qu’il y a moins de choses à visiter sur notre trajet et l’envie d’arriver à Sofia nous pousse à avancer (Sofia paraît tellement proche lorsque l’on voit les panneaux indicateurs en sortie des villes). Nous tournons le dos au Danube et partons en direction du centre ville. Nous découvrons une rue piétonne fort sympathique et plutôt animée. La vendeuse de fruits et légumes semble toute contente de parler un peu anglais et de mon côté, j’essaie de comprendre comment dire bonjour. Mais j’ai bien l’impression qu’à chaque fois que je pose la question à quelqu’un, on me donne une réponse différente !

Nous débouchons sur une grande place avec l’éternel monument aux morts (les statues et sculptures font très union soviétique) et quelques belles demeures. Alors que nous en prenons une en photo, un homme passe à côté de nous et nous dit très sérieusement en anglais : « C’est ma maison ! Et c’est aussi un office notarial. ». Et il ne nous fait pas visiter ? Encore une rue piétonne avec une sorte de piste cyclable qui serpente entre des jardinière plantées d’arbre. Elle nous plaît tellement que Michaël y refait un tour pour la filmer.

Le temps de faire des courses, nous commençons à pédaler à 10h. C’est un peu tard car il fait déjà chaud et le début de l’étape est plutôt costaud : une côte bien raide de 2 km. Avec une surprise en bonus : le début de la route est pavé. La bonne nouvelle, c’est que la descente ne l’est pas ! Gaëtan est sur le vélo et pédale courageusement sans mettre pied à terre. Il est meilleur dans les difficultés que dans les longues lignes droites monotones.

Depuis la Hongrie, nous roulons au milieu des noyers et nous les surveillons de près. Et enfin, nous commençons à voir des noix fraîches au sol (ce qui nous donne de bonnes raisons pour nous arrêter). Le revêtement est vraiment très inégal et il faut être très vigilant, en particulier en descente, pour éviter les nids de poules.

Une tache de couleur attire mon attention. Un petit papillon bleu est posé sur la route. Cela fait quelques temps que nous en voyons mais ils sont toujours en train de virevolter. Celui-ci a l’air collé au bitume par la chaleur. Je l’attrape délicatement et je le dépose dans l’herbe. Ce petit moment de poésie me donne l’énergie nécessaire pour la nouvelle grande montée qui nous attend.

Nous nous arrêtons en haut de la côte. Impossible de trouver un coin pour pique niquer ou même juste se reposer à l’ombre. Les enfants s’accroupissent à coté des vélos et des arbustes pour se protéger du soleil. Nous sommes dans un four ! Je prépare en vitesse des sandwich au fromage pour donner des force aux enfants et nous repartons. La route est toujours aussi mauvaise. Le Danube est loin au bout des champs, en contrebas du plateau sur lequel nous roulons.

Comme hier, il fait tellement chaud dans les champs moissonnés que des tourbillons de poussière s’y forment, parfois plusieurs en même temps. Ils grossissent ou disparaissent en fonction du relief. Les véhicules qui circulent sur les pistes pour rejoindre les moissonneuses au loin, soulèvent des panaches de poussière qui restent longtemps en suspension dans l’air. A perte de vue, nous ne voyons qu’un empilement de terres noires et de champs secs, jaunes ou marron. Le paysage est à la fois désolant et fascinant ! 

Enfin nous entrons dans Kozloduy. Hier j’avais fait une demande sur le site de Warmshower pour dormir chez un habitant qui travaille dans la centrale nucléaire située juste à côté. Mais je n’ai pas eu de réponse. Dommage. Dans la rue où nous nous arrêtons, il y a 2 hôtels et une guesthouse. Un passant nous propose son aide. Du coup, je lui demande quel hébergement il nous conseille. Il nous indique un hôtel, puis se ravise : avec les vélos, mieux vaut la guesthouse. Nous étions arrivés à la même conclusion. La dame qui vient nous ouvrir le portail semble déjà assez surprise en nous voyant, mais elle ouvre de grands yeux en apercevant les enfants qui s’étaient assis sur le côté. Pendant qu’elle prépare les chambres, nous pouvons enfin nous poser dans la cour et manger le pique-nique : il est 16h ! Autant dire qu’une fois installés dans les chambres, nous n’avons pas trop envie de ressortir. Merci à Michaël qui s’est dévoué pour aller faire des courses !

Samedi 18 septembre : ici aussi les enfants jouent à pierre-feuille-ciseaux !

La route est longue mais il y a les bosses pour se distraire un peu !

Nous quittons notre gesthouse de bonne heure car hier nous n’avons même pas eu le courage de mettre le bazar dans les chambres ! Il y a un fort vent d’ouest annoncé pour toute la journée : ça tombe bien, notre direction pour la journée est globalement vers l’est. Avant même de sortir de la ville, Michaël se rend compte que son pneu arrière est dégonflé (déjà, hier, il a dû remettre un petit coup de pompe). Probablement une crevaison lente. Pour l’instant, il se contente de regonfler à nouveau. (il est trop tôt pour faire une pause).

Peu après la sortie de la ville, nous passons à proximité de la centrale nucléaire de Kozloduy (la seule de Bulgarie). Sur les 6 réacteurs présents sur le site, 4 sont en déconstruction et 2 seulement en fonctionnement (il y a un projet d’une 7ème unité). Dès que l’on s’approche, le site disparaît derrière un rideau d’arbre. Il est formellement interdit de prendre des photos et la voiture avec les gardes postée devant l’entrée du site ne donne pas envie de sortir le smartphone. Un panneau lumineux indique le débit de dose au niveau du site.

Les routes sont plutôt en bon état aujourd’hui et moins fréquentées qu’hier. Peut être tout simplement parce que nous sommes samedi. Les kilomètres et les bosses passent plus facilement avec le vent dans le dos ou ¾ arrière ! Nous croisons à plusieurs reprises des charrettes en bois tirées par des chevaux. Très souvent ceux-ci sont ornés d’un magnifique pompon rouge entre les 2 yeux. Je trouve que ce petit détail, alors qu’ils sont juste en train de faire leur travail de tous les jours, est le signe que les gens prennent soin de leur chevaux.

Nous avons modifié l’étape de jour pour bifurquer dès aujourd’hui vers Sofia (à Oryahovo). Désormais nous allons faire route vers le sud en essayant d’éviter les grands axes. Dans un petit hameau, nous repérons d’énormes noix sur le bas côté en face de la station service. Nous en ramassons quelques poignées chacun. Ça pèse lourd mais cela faisait si longtemps qu’on attendait ce moment !

Depuis le déluge au début de la Serbie, nous n’avons eu que du beau temps. Aussi, nous n’allons pas nous plaindre si aujourd’hui le ciel s’est couvert et nous offre quelques gouttes de pluie. A Selanovtsi, nous nous posons dans un parc immense et totalement désert, si ce n’est le petit prince, le renard et sa rose. Nous sommes bien installés à l’abri du vent et nous pouvons enfin déguster nos noix géantes. Michaël remet un coup de pompe à son vélo. Cela tiendra sans problème jusqu à ce soir.

L’après-midi est constituée de longues lignes droites interminables. La route ondule en petites bosses qui se passent assez facilement pour peu que l’on prenne assez l’élan. Les moissonneuses sont au travail. Cela fait une éternité que nous n’avons pas vu une forêt. Le vert nous manque, la couleur nous manque. Et soudain, en pleine descente, nous passons au bord d’un champs de jeunes tournesols d’un jaune éclatant ! Pas le temps de stopper pour faire une photo mais cette image restera gravée dans nos mémoires. Nous n’en reverrons pas.

A l’entrée du village de Knezha, il y a des travaux et la circulation est alternée. Michaël ne remarque l’ouvrier qui fait la circulation qu’au dernier moment (il était assis par terre !) et freine brusquement. Gaëtan le percute mais les sacoches amortissent bien le choc. Il bascule tout de même sur le côté. Petite écorchure au genou sans gravité

Nous nous dirigeons un peu au hasard dans la ville en suivant une rue semi piétonne et nous tombons sur un hôtel familial (c’est son nom !). Pendant que Michaël remplit la paperasse, je reste dehors avec les vélos (les enfants sont déjà partis amadouer les chats du parc). Un groupe d’ado s’est posté à quelques mètres de moi. Ils restent un moment sans bouger et discutent à voix basse. Puis je les vois jouer à papier-pierre-ciseaux. Finalement, l’un d’eux quitte le groupe et vient me voir « Where are you from ? ». Je répond « France ». Il ne dit rien de plus, rejoint ses copains et ils filent tous sur leurs vélos ! Je suppose que c’est le perdant qui est venu me poser la question !!!

On nous a mis dans la chambre familiale. Nous sommes au dernier étage de l’hôtel, dans une pièce immense. A l’origine, ce devait probablement être une salle de réunion, vu la longue table, les grandes baies vitrées et les 2 toilettes. On y a juste rajouté un lit double et 2 lits simples. Très vite, nous décidons de rester 2 nuits. Il est temps, en effet, de prendre une journée de repos. L’arrière-cour de l’hôtel est parfaite pour y ranger les vélos et Michaël s’y installe pour remplacer la chambre à air qui présente effectivement un petit trou. Nous dînons au restaurant de l’hôtel où nous testons quelques spécialités bulgares. Il y a tout d’abord la fameuse salade chopska que nous trouverons par la suite absolument partout. C’est une salade de tomates, concombre, poivrons, oignons, avec du fromage râpée sur le dessus (une sorte de fêta). Et un plat que nous avons adoré : le kavarma que nous dégustons au poulet et au porc !

Dimanche 19 septembre : tout est fermé le dimanche !

Journée de repos très tranquille. On ne peut pas vraiment parler de grasse matinée car la lumière du jour nous a réveillé assez tôt mais c’est tellement agréable de traîner en pyjama toute la matinée ! Nous sortons un peu avant midi (habillés) pour aller bruncher au café « L’avenue du parc » (c’est son vrai nom) où l’on peut trouver, semble-t-il de beaux croissants. Mauvaise surprise, il est fermé le dimanche. Un petit coup d’œil sur internet nous apprend que presque tous les lieux de restauration de la ville sont fermés aujourd’hui ! Nous filons faire rapidement des courses tant que les épiceries sont ouvertes et nous rentrons manger chez nous, un peu déçu de ne pas poursuivre notre exploration de la gastronomie bulgare.

L’après midi, les enfants vont jouer dehors dans l’allée devant l’hôtel. Nous profitons du calme pour commencer à réfléchir à la suite du voyage. Comment allons nous faire pour les vélos ? Est ce une bonne idée de les laisser à Sofia ? Y-a-t-il un risque de ne pas pouvoir revenir les chercher au printemps ? Comment rentre-t-on en France ? En bus, en train, en avion ? Cela dépend bien sur si nous ramenons les vélos ou pas … Et si on faisait un stop à Venise pour couper le trajet en 2, ou bien en Croatie ? Et en octobre, où va-t-on ? Initialement, on avait prévu l’Indonésie et Tahiti mais la Covid est venu bousculer nos plans. J’ai reçu le programme des croisières avec OK Maldives, ça donne envie !!! On case les enfants une semaine et hop, on prend des vacances ???

Le soir, nous retournons manger au restau de l’hôtel. Pas d’hésitation pour une fois, nous prenons la même chose qu’hier. Les enfants ont une sorte de risotto au poulet. Nous avions demandé 3 parts mais la serveuse ne nous en apporte que 2, plus une assiette vide. Les enfants râlent de devoir partager mais finalement, ils n’arrivent même pas à tout manger et encore une fois, nous finissons le ventre bien rempli. C’est alors que je vois la cuisinière déposer sur le comptoir une troisième assiette. Il y a d’autres personnes dans le restau, il est donc possible qu’elle soit pour eux, mais dans le doute, nous nous dépêchons de quitter la salle et filons dans notre chambre !!!

l'escalier est juste assez large pour passer les vélos
la maison du notaire
Etonnant ces fenêtres toutes neuves sur cette vieille batisse. Ceci dit, elle a du potentiel !
Le moderne pousse au milieu des vieux batiments
la montée de 2 km, c'était prévu, les pavés c'est une surprise
Gaëtan serre les dents, mais monte sans se plaindre une seule fois !
Les camions sont toujours là !
la montée est terminée !
Sur le plateau, c'est plutôt agréable le matin
le revêtement n'empêche pas les voitures de rouler à fond !
C'est le seul bleu aujourd'hui !
Nous sommes en train de cuire sur place
Il est loin, le Danube !
au second plan, une voiture soulève un nuage de poussière
pique nique à 16h en attendant que les chambres soient prêtes
remorques interdites, mais nous n'en avons jamais vu autant
Oh le beau pompon !
une belle éolienne, à l'arrêt
Ce sont toutes ces rivières que nous coupons qui nous conduisent à faire du dénivellé car à chaque fois, nous dscendons du plateau et juste après, nous y remontons
Le batiment sert maintenant à stocker du foin
Les noix ramassées ce matin
un superbe parc sur le thème du petit prince
La famille !
une lonnnnnnnnnnnnngue ligne droite
Chaque maison a sa tonnelle de raisin, blanc ou noir. Quand il n'y a pas de place dans le jardin, les pieds sont plantés dans la rue. Cela fait de l'ombre aux passants et souvent, les gens mettent un banc sous la tonnelle.
Petite chute de Gaëtan juste à l'entrée du village : Mic a freiné trop fort sur le pino
notre superbe suite pour une journée de repos bien méritée
réparation de la crevaison lente
la salade "classique" avec de la feta rapée
Les annonces de décès
Les saucisses sont emballées dans un film plastique. Heureusement qu'il y avait des dessins dessus sinon je ne m'en serais pas rendu compte et je les aurais servies avec !
les escaliers un peu alambiqués pour monter à la chambre


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