Le parc de Nxai pan se trouve de l’autre côte de celui de Makgadikgadi. L’agence qui nous a organisé le safari à Chobe nous avait déconseillé d’y aller avec notre 4×4 car la conduite pouvait être difficile. Nous avons donc un guide et allons faire l’aller/retour dans la journée. Avec du recul, je pense qu’on aurait très bien pu y aller tout seul, en faisant une nuit sur place pour couper la route en 2. Mais les agences de voyage ne veulent prendre aucun risque avec leurs clients (et cela leur rapporte aussi plus d’argent).
Nous partons donc à 6h30 du camping et passons par la rivière où nous trouvons les même animaux qu’hier, plus 2 hippopotames. Puis nous prenons la direction du nord. Il y a un point d’eau sur le trajet. La plupart des points d’eau dans les parcs sont artificiels. Ils sont indispensables dans les parcs qui sont clôturés car les animaux ne peuvent plus faire leur migration naturelle (pour trouver de l’eau à la saison sèche). Bien sûr, les clôtures ne sont pas infranchissables (et sont souvent en mauvais état) mais cela limite tout de même le déplacement des animaux et permet de séparer les zones sauvages des zones d’élevage du bétail. A la création du parc de Makgadikgadi, la clôture empêchait l’accès à la rivière botéti et cela a causé la mort de centaines de zèbres lors de la saison sèche. Maintenant la rivière est accessible mais il y a quelques années, des lions ont traversé lorsque le niveau de l’eau était particulièrement bas et ils ont tué du bétail. L’éternel problème de cohabitation entre le monde sauvage et celui des hommes.
Au point d’eau, nous avons la surprise de trouver 3 lycaons allongés sur la berge. Leur pelage tacheté leur donne une allure vraiment étrange. On les appelle aussi des chiens sauvages. C’est une espèce menacée car ils s’attaquent un peu trop au bétail et sont tués par les éleveurs. Ce sont de redoutables chasseurs : ils possèdent le meilleur taux de réussite de tous les prédateurs (70%).
Nous sortons du parc de Makgadikgadi et après un petit trajet sur une route bitumée, nous entrons dans celui de Nxai pan. Le paysage est très différent de ce que nous avons vu auparavant. Des herbes hautes et de petits buissons s’étendent à perte de vue. Les arbres sont rares, et souvent, nous prenons leur masse sombre pour des éléphants. Nous apercevons nos premiers oryx (2 femelles avec leurs petits). Une girafe dépasse la voiture au galop. Aussitôt, notre guide scrute la savane derrière elle. De quoi a-t-elle peur ? Qu’a-t-elle vu qui nous échappe ? Ces étendues désertiques sont finalement bien habitées. Nous sommes loin des troupeaux de Chobe, Kwai ou Botéti. Ici, les animaux semblent plus solitaires, mais nous sommes toujours aussi heureux de les apercevoir. Cela demande cependant une attention extrême. Notre guide est sans cesse aux aguets : tout en conduisant, il balaie du regard la savane en permanence. Et bien qu’assis plus bas que nous, il détecte la plupart des animaux avant nous.
Nous approchons du but : un îlot de baobab nommé « Baines baobab » du nom d’un explorateur anglais, compagnon de Livingstone, qui les a immortalisé en peinture. Ces baobab sont au bord d’un immense pan. Qu’est ce donc qu’un pan ? Il s’agit d’un ancien lac, aujourd’hui asséché et qui comporte une forte teneur en sel. A la saison des pluies, mieux vaut ne pas rouler dedans, sous peine de rester coincé. Pour l’instant, ils sont encore praticables mais les animaux qui y sont passés se sont déjà bien enfoncés.
Une autre surprise nous attend au pied des baobabs. Nos voisins suisses de Kwai sont là aussi. Ils ont campé dans le parc et vu des lions le soir et le matin au point d’eau. Une belle façon de finir leur voyage au Botswana.
Au retour, nous repassons voir les lycaons qui n’ont pas bougé du point d’eau. Nous n’en reverrons pas de tout le voyage. Nous avions été alertés sur la présence d’un vieil éléphant solitaire de très mauvais poil et nous croisons sa route au retour. Le guide se méfie et garde ses distances, ce qui n’empêche pas l’éléphant de charger la voiture. Ce n’est pas le moment de caler ! Dans la rivière boteti, il y a plein d’éléphants mais ils sont tout à fait pacifiques et sont là pour la baignade. Un bon moment de détente. Mathis s’est endormi et Gaëtan aimerait bien faire pareil. Cela fait quand même 11h que nous sommes partis ! Demain, pas de réveil.