Ce matin, nous avons un objectif à atteindre : être à 13h30 au bac pour traverser le Danube. Il n’y a un bateau que toutes les 3h, donc nous ne voulons pas le rater. Comme il y a environ 30 km et que le vent souffle toujours de face, nous comptons 3h de vélo sur la digue. Plus une heure de marge, cela donne un départ à 8h30. Nous nous levons donc à 7h et à 8h34, nous faisons la traditionnelle photo souvenir avec le proprio du camping. Au moment du départ, il veut offrir des glaces aux enfants mais ils n’aiment aucun parfum disponible. Du coup, il leur donne 3 petites bouteilles d’eau en verre. C’est très gentil, mais c’est lourd. Nous en vidons 2 dans nos bidons et emportons la dernière pour ne pas le vexer.
Sur la piste en bas de la digue, nous avons la mauvaise surprise de trouver la pente jonchée de bouteilles en plastique. Il y en a partout. C’est vraiment la première fois que nous voyons cela. C’est probablement un conteneur de bouteilles qui s’est renversé avec le vent.
Nous remontons en haut de la digue. Nous ne sommes plus au bord des étangs mais directement au bord du Danube. Il est immense. Au loin, nous apercevons le panache gris d’une centrale au charbon. Pensée pour Ivana et Endré qui nous ont sensibilisé à ce problème de la Serbie.
Bonne surprise, une partie du trajet se fait sur la route. Cela nous fait gagner pas mal de temps. Sur la dernière portion de digue, nous apercevons de loin une colonie de corneilles posées sur le chemin. Depuis un moment, le grand jeu de Mathis et de Michaël, c’est de pousser des cris de sauvage pour faire décoller les oiseaux. Cette fois-ci, c’est vraiment trop tendant de se joindre à eux. Nous roulons tous de front, doucement, pour nous approcher le plus possible. Les enfants trépignent ! Enfin, on lâche les fauves … Gros succès, les oiseaux s’envolent, sauf 2 ou 3 (probablement sourds) qui ne bougent pas. Comme ils se reposent un peu plus loin devant nous, le jeu dure un moment (voir la vidéo après les photos).
Nous arrivons à Stara Palanka à 11h30. Ici l’Eurovélo 6 rejoint l’Eurovélo 13, également nommée la véloroute du rideau de fer. Nous sommes également tout près de la frontière avec la Roumanie.
Nous avons 2h pour manger et ce ne sont pas les restaurants qui manquent. Nous nous installons à une terrasse déserte. Décrypter la carte nous prend pas mal de temps. Il faut savoir que même lorsque c’est l’alphabet latin qui est utilisé, les lettres comportent tout un tas d’accents qu’il ne faut surtout pas oublier lorsque l’on veut traduire un mot. Ainsi « smud » sans lettre spéciale signifie « boue » mais le même mot, avec le « d » barré veut dire « perche ». C’est mieux quand on est à la page des poissons. Donc, si vous avez toujours rêvé d’utiliser toutes ces lettres que vous propose votre téléphone, comme par exemple des c, s ou z avec des chapeaux à l’envers, venez en Serbie ! Nous, pour faire simple, nous avons pris un assortiment de viande et un assortiment de poisson. Mais mine de rien, le temps de commander et d’être servis, nous avons finit de manger à 13h15 !
Le bac est à l’heure. Le débarcadère est une simple berge en terre. Un homme saute du bac et se dépêche de l’amarrer avant que le courant ne tende la corde. Puis, armés de pelles, 2 hommes égalisent la terre pour faire la jonction entre le bac et la berge. C’est vraiment artisanal !
Le trajet dure 20 minutes. La première voiture à être montée est conduite par des français (un couple et leur ami). Le couple connait bien la Serbie (manifestement pour y avoir travaillé) et tous les 3 sont en vacances. Aujourd’hui, ils font le tour des forteresses. Je parle gastronomie avec le mari et je me demande si on parle bien du même pays ! Il faut l’entendre s’extasier sur les fromages, les charcuteries faîtes maison et la soupe de poisson qu’il vient juste de manger ce midi. Mais c’est promis, à partir de maintenant, je vais tester la chorba !
La bac nous dépose au pied de la forteresse de Ram. Pour une fois, ce n’est pas une forteresse austro-hongroise, mais une forteresse ottomane. Elle a été construite en 1483 pour protéger la frontière nord de l’empire ottoman contre les attaques des serbes et des hongrois. Elle a été entièrement restaurée en 2019 avec des financements turques.
Il y a une belle côte pour monter jusqu’à la forteresse. Et la visite n’est pas de tout repos car il y a des escaliers bien raides partout ! Mais la forteresse est mignonne, avec sa forme biscornue et la vue est belle.
Nous repartons à 15h pour la fin du trajet jusqu’à Veliko. Nous avons choisi de couper par la route plutôt que de faire le tour de la colline par la berge (non goudronnée). Cela faisait longtemps que nous n’avions pas eu de dénivelé. Et avec le vent de face, c’est un peu rude pour Gaëtan ! Il faut dire qu’il est tellement léger que le vent l’oblige à pédaler même dans les descentes.
Le Danube s’est déjà fortement rétrécit. A partir de maintenant, nous aurons la Roumanie sur l’autre rive et les premières collines sont bien visibles.
Nous sommes juste avant la ville de Veliko, dans une sorte de station balnéaire installée au bord d’une rivière qui se jette dans le Danube. La saison est finie et les transats et les pédalos sont rangés mais il reste encore beaucoup de pêcheurs et quelques amateurs de baignade et de paddle. Ainsi qu’un passionné d’aviation qui s’amuse à passer le plus bas possible au dessus du camping. Nous nous sommes installés près de la rivière et les enfants ont aussitôt mis leur maillot pour aller patauger dans l’eau et les graviers. Ils ont pour consigne de revenir dès que le soleil se couche. Léa rentre en grelottant. Déjà qu’elle était enrhumée depuis quelques jours, ça ne va pas s’arranger !
Les enfants trouvent que la purée et la polenta ont un drôle de goût. Il n’ont pas tord ! J’avais acheté à l’épicerie du coin une petite brique de crème liquide pour agrémenter un peu le repas. Elle avait de beaux dessins de gâteau dessus. Et en fait elle était déjà sucrée …