Aujourd’hui, c’est parti ! A nous le désert du Kalahari !
Il y a 45 km de piste en sable pour arriver à l’entrée du parc. Nous espérons qu’il y aura toujours de la place aux campings (nous avions appelé hier matin pour réserver mais vu que nous avons tout décalé d’un jour …).
Le garde du parc est surpris que nous n’ayons pas de ticket de réservation à lui présenter. Les voyageurs sans réservation sont rares, même dans cette période Covid. Comme dans tous les parcs nationaux, il y a d’un côté une personne qui gère les frais de séjour dans le parc et une autre qui s’occupe du camping. 2 services différents, 2 comptabilités différentes. Le gars du camping appelle le bureau de Gaborone (la capitale) pour savoir quelles sont les disponibilités. Sur 3 nuits, seul un des campsite est complet. Ce sera donc Lethiahau à la place de Piper pan. En théorie, on ne perd pas au change et de toute façon, nous n’avons pas trop le choix. Ce que nous ne savons pas, c’est que la pompe du point d’eau de Letiahau ne fonctionne plus. Et un point d’eau sans pompe, à cette saison, c’est juste un trou dans la poussière et ça n’intéresse pas trop les animaux.
Mais pour l’instant, direction Sunday pan. La piste commence par une longue ligne droite dans une ambiance assez désertique, avec des parties complètements brulées par un incendie très récent. Quelques flaques sur la piste font le bonheur des oiseaux, et en particulier des rapaces, peu pressés de quitter ce point d’eau providentiel pour nous laisser passer.
Nous croisons notre première springbok. Jusqu’à présent, les antilopes que nous avions croisées étaient pour la plupart des impalas (surnommées le mac do de l’Afrique à cause de leur omniprésence et de la couleur du pelage de leur croupe qui ressemble à un M noir sur fond jaune). Mais ici, les impalas ont totalement disparu. A la place, il y a des centaines de springboks et d’oryx, plus adaptés à ce coin désertique. L’oryx en particulier peut se passer de boire pendant plusieurs jours. L’eau contenue dans les plantes lui suffit.
Nous suivons la piste vers Leopard pan en espérant que les noms n’ont pas été donnés juste pour faire joli. Nous scrutons chaque buisson, chaque arbre, chaque branche. Et soudain, une oreille qui dépasse, c’est un lion ! C’est notre premier lion, rien qu’à nous ! Et il était sacrément bien caché ! S’il n’avait pas levé la tête à notre passage nous ne l’aurions pas vu. Nous nous observons mutuellement une dizaine de minutes puis il se recouche et disparaît complètement dans les buissons. Si la voiture était aussi heureuse que nous, elle ferait des bonds sur la route !
Ce n’est pas tout mais il faut aussi manger. Nous rejoignons un point de pique nique marqué « ombragé » sur notre plan. Nous tournons en voiture autour du bosquet d’arbres. Ce coin pique nique nous paraît bizarrement choisi. C’est un emplacement parfait pour la sieste d’un lion ! Dehors, la chaleur est écrasante malgré le ciel voilé. Mathis refuse catégoriquement de sortir de la voiture. Pour ce premier pique nique, nous préférons de toute façon que les enfants restent le plus possible à l’intérieur.
Nous arrivons enfin à notre site de camping. Il est sur une petite butte, à 1 km du point d’eau. Grand luxe, il comporte un coin toilettes sèches et un coin douche. Il y a un bel arbre au milieu de l’emplacement, malheureusement sans feuille (mais pas pour très longtemps car de minuscules pousses vertes commencent à apparaître). L’ombre est plutôt clairsemée mais les garçons s’y installent pour jouer dans la poussière. Nous ne nous sortons pas les tentes car l’idée est de retourner nous poster au point d’eau 1h avant le coucher du soleil en espérant y voir des prédateurs (les herbivores vont en général plutôt boire dans la journée quand les prédateurs font la sieste). Je me mets dans un siège de camping à l’ombre de la voiture. En moins d’un quart d’heure, j’ai le dos trempé de sueur. Le passage par la case douche devient vite nécessaire. Nous utilisons nos bidons d’eau non potable et notre bassine pour la douche (2L d’eau par personne !). Cela fait un bien fou. C’est difficile à expliquer mais il fait tellement chaud que lorsqu’on est mouillé, avec le léger vent, on a froid d’un coup !
Le soleil commence à descendre sur l’horizon. C’est l’heure d’aller nous poster au point d’eau. Nous y restons 45 minutes. Une véritable épreuve pour les enfants qui doivent rester silencieux sans bouger dans la voiture ! Et tout ça pour rien. Pas une bestiole ne vient boire. Finalement un quart d’heure avant le coucher du soleil, nous préférons partir et rouler un peu dans le coin. A part quelques oiseaux, nous ne verrons rien de plus mais c’est très agréable de rouler au pas, fenêtres ouvertes, dans la lumière du soleil couchant.
De retour au camping, nous mangeons à la lueur du feu de bois (enfin un feu !). Ici, nous ne sommes pas embêtés par les insectes nocturnes comme à Boteti. Les enfants vont se coucher avec pour consigne de ne pas descendre de la tente tous seuls en pleine nuit. Un bon conseil car une heure plus tard, alors que nous sommes montés à notre tour dans la notre, nous entendons le grognement des lions qui s’appellent, certainement pour se rassembler avant d’aller chasser. Bien au chaud dans mon duvet, ce bruit sonne pour moi comme une douce musique. C’est exactement cela que je suis venue chercher en Afrique : voir, entendre, sentir ces animaux sauvages autour de moi. Vivre, pour quelques instants, chez eux, sans les déranger.