Nous remontons encore le temps à Tierra Dentro : 500 ans avant celle des statues, la civilisation des tunnels !

Nous quittons San Agustin sous la pluie. Il y avait largement de quoi rester un jour de plus pour visiter d’autres sites archéologiques au cours d’une balade à cheval mais vu la météo, nous partons sans regret.

C’est encore une journée de route pour aller jusqu’à Tierra Dentro. Si nous ne sommes pas plus rapide en voiture qu’en bus, nous évitons au moins les heures d’attente à certaines connexions car Tierra Dentro reste encore un peu en dehors des sentiers battus.

Nous passons par plusieurs petites villes bien animées et à chaque fois que nous traversons un centre ville, nous cherchons à repérer les magasins de chaussures. Les baskets de Mathis achetées en Hongrie commencent à rendre l’âme et j’aimerais en trouver d’autres avant les 2 jours de rando qui nous attendent. Il faudra faire plusieurs petites boutiques avant de trouver notre bonheur. Quand on entre dans un magasin, inutile de commencer par repérer un modèle qui plaise à Mathis car toutes les pointures ne sont pas disponibles, loin de là. En 29, le vendeur n’a souvent qu’une ou 2 possibilités. En tout cas, rien d’imperméable et rien à scratch. Mais nous finissons par trouver des baskets grise et orange avec la semelle qui clignote : parfait pour nos prochaines randonnées dans des souterrains ! Mathis est tellement heureux que c’est lui qui a les yeux qui clignotent quand il ressort avec ses nouvelles baskets aux pieds !

Je profite de ces pauses shopping pour acheter des fruits par ci par là. Nous faisons donc le plein de pitayas et de granadillas, plus un corossol un peu dur qu’on laissera mûrir pendant quelques jours. Et une bonne surprise dans un petit supermarché : de la préparation pour pancake « tante Jamina » : c’est un peu l’amie du petit déjeuner des voyageurs. Un peu de lait dans le mélange et hop, de supers bons pancakes ! Vivement qu’on ait une cuisine !

Sur la route, nous retrouvons les cortèges de camions (beaucoup de citernes). J’ai pris un peu plus confiance en moi et j’arrive mieux à doubler n’importe où. La conduite des motards nous laisse cependant perplexes : ils roulent en plein milieu des voies et rechignent à se pousser un peu pour nous permettre de les doubler (ce ne sont pas des motos très puissantes et elles sont souvent surchargées).

Enfin, nous quittons le gros axe qui remonte vers Bogota pour nous engager toujours plus dans les montagnes. La route devient en terre. Nous roulons à 20-30km/h mais au moins nous sommes tranquilles ! Sur les derniers km, nous nous trompons plusieurs fois de chemin. Nous nous retrouvons même une fois face à un torrent impossible à traverser avec nos petites voitures et nous perdons une heure à faire nos divers demi tours. Mais avec un peu de persévérance, nous arrivons au village où se trouve les bureaux du parc archéologique. Nous logeons quelques km plus haut, à San Andres de Pissimbala.

Notre projet est de faire une première partie du chemin le lendemain, depuis le musée jusqu'à San Andre de Pisimbala (en passant par El aguacate). Puis le jour suivant, de partir de notre hôtel pour finir la boucle (en passant par el Tablon etc.)

Le propriétaire de l’hôtel/restaurant La Portada nous fait visiter les lieux. Il a tout fait lui même (en famille), essentiellement en bambou. Cela nous permet de vérifier une nouvelle fois avec lui la façon dont on doit couper le bambou pour en faire des planchettes. Selon lui en tout cas, c’est un matériau durable pour peu que l’on fasse un peu d’entretien, nettoyage, vernis de temps en temps !

Pour une fois qu’on n’arrive pas de nuit, nous allons faire un tour dans le village. L’église toute blanche avec son toit de chaume est mignonne comme tout. L’école est au centre du village et la cour n’est pas fermée (nous en profitons pour jeter un coup d’œil dans une salle de classe, pas très différente de celles de Mazargues-Beauchêne).

C’est très à la mode d’avoir le nom du village ou de la ville en lettres géantes ! C’est même plus fréquent que les panneaux à l’entrée des villes !

Une journée de marche épuisante dans des paysages grandioses !

Le temps de prendre le petit déjeuner, puis de descendre en voiture au village, nous ne démarrons notre marche qu’à 9h. Il fait déjà très chaud et nous commençons par une rude grimpette dans une pente herbeuse. Chaleur, altitude et dénivelé, nous tirons vite la langue mais la vue récompense largement nos efforts.

Sur les collines qui nous entourent, nous pouvons voir les plantations de café, mélées aux bananiers (des bananes plantains en général). De petits abris permettent aux paysans de se reposer car ils n’habitent souvent pas sur place (c’est extrêmement pentu). Les paysans se déplacent alors à pied ou à cheval pour rejoindre leurs plantations.

Le premier site sur notre chemin s’appelle « El alto del aguacate ». Il est très étendu et les premiers « trous » que nous voyons sont abandonnés, mais pas condamnés. Avec les frontales, nous partons en exploration. Il n’y a pas grand chose à voir à l’intérieur mais comme ce sont nos premiers tunnels, nous sommes tout contents de les visiter.

Le reste du site abrite de nombreuses tombes abritées sous des toits en tôle. L’accès se fait par de grands escaliers de pierre. En bas, une barrière empêche de pénétrer dans la cavité mais celle-ci n’est pas grande et nos frontales éclairent suffisamment pour voir l’ensemble du lieu. 

Mais que sont donc ces tombes souterraines ?

Ces cavités ont été creusées dans du tuf, une roche tendre qui s’est constituée à partir de débris volcaniques. Les cavités ont essentiellement été construites aux sommets de collines ou sur les lignes de crêtes. Dans le parc de Tierra Dentro, il existe 162 tombes souterraines précolombiennes réparties sur 4 sites : 23 à Alto de San Andres, 64 à Alto de Segovia, 13 à Alto del Duende et 62 à Alto del Aguacate (le long d’une ligne de crête d’une longueur de 250 mètres). Mais toutes ne sont pas ouvertes au public.

On appelle ces tombes souterraines des hipogées. Les corps n’étaient pas enterrés directement à l’intérieur des hypogées. Ils étaient d’abord mis en terre à l’extérieur. Puis plusieurs années après, les ossements étaient déterrés, mis dans des urnes et déposés dans les hypogées.

Après Alto del Aguacate, nous continuons sur la ligne de crête. Le paysage est tellement beau dans la vallée sur notre gauche que nous ratons complètement la bifurcation à droite.

Michaël avait bien un doute mais nous n’avions pas vu d’autre chemin. Nous aurions continué encore un moment si une vieille dame (alertée par les aboiements des chiens), ne nous avait pas prévenus. Et encore, nous avons beaucoup hésité avant de faire demi tour (il faut dire qu’on ne comprenait pas bien ce qu’elle disait). Nous croisons ensuite un autre paysan, très sympathique (et très compréhensible), qui nous montre le chemin. En général, les colombiens prennent volontiers le temps de discuter. Celui-ci nous montre même les plantes qui permettent de soigner la grippe (et plus généralement la fièvre) .

Après encore une longue marche à flanc de montagne, puis en descente, nous rejoignons un petit ruisseau à l’ombre. C’est l’occasion de faire une longue pause et de grignoter nos provisions. Nous pensions ne marcher que 3-4h et nous n’avons pas prévu de vrai pique-nique. Et vu la distance qu’il nous reste à faire, nous ne serons pas arrivés avant l’heure du goûter !

Nous arrivons enfin au deuxième site du parcours : Alto de San Andres. Les hypogées sont plus grandes et les peintures mieux préservées : les cavitées comportent 2 à 3 colonnes centrales et les murs et le plafond présentent des motifs rouges et noirs sur fond blanc. Les escaliers de pierre sont impressionnants !

16h30, le chemin débouche enfin dans le village de San Andres, juste au bord du restaurant La Portada. Nous nous écroulons sur les chaises et commandons un jus frais et la fameuse glace maison, pendant que Michaël redescend au musée récupérer la voiture.

Le temps de prendre une douche et nous revenons pour le repas du soir (comme on a sauté un repas, on dîne tôt !). C’est la maîtresse de maison qui s’occupe de la cuisine et c’est vraiment excellent. Tout en restant une cuisine typiquement colombienne, elle apporte de petites variations à chaque repas.Et chose inhabituelle, elle nous prépare toujours un dessert. Ce soir, elle a fait des blancs de poulets farcis aux légumes absolument délicieux. Nous découvrons aussi les frites de yuca, tendres à l’intérieur, croustillantes à l’extérieur. Et enfin un super dessert au corossol (une sorte de panna cotta corossol/amande). Miam !

Yuca cru (la peau noire s'épluche facilement et c'est blanc à l'intérieur) et frite de yuca

Deuxième journée de marche beaucoup plus facile.

Nous partons à peu près à la même heure qu’hier mais aujourd’hui, nous n’avons presque pas de dénivelé. Heureusement, car j’ai encore mal aux jambes de la marche d’hier. Nous partons directement dans le village par une route en terre où roulent surtout des motos. Le chemin est plus facile mais un peu moins joli que la veille car nous n’avons pas la splendide vue. Mais en marchant sur la route, nous longeons aussi des maisons et cela nous permet d’en apprendre un peu plus sur les modes de vie des locaux. Tout nous intéresse, les chayottes qui poussent toutes seules sur les arbres, le cochon avec un triangle de bois autour du cou, les séchoirs à café sur pilotis, les maisons en construction, le petit garçon dans l’arbre qui fait tomber les avocats (s’il en récupère un sur dix, il aura de la chance vu la jungle en dessous !) … Ici les exploitations sont assez petites et les producteurs vendent à une coopérative qui envoie ensuite le café en Europe.

Végétation XXL !

Sur le premier site que nous visitons aujourd’hui (El Tablon), il y a des statues. Elles sont assez différentes de celles de San Agustin. Ces civilisations ne se sont jamais rencontrées. En discutant un peu avec le gardien du site, nous parlons de notre programme du lendemain. Nous sommes très indécis sur le fait de passer ou non par le parc national du volcan puracé. Le gardien connait l’endroit et nous recommande notamment les thermes de San Juan. Adjugé ! Voilà comment nous construisons notre parcours au jour le jour !

Les deux sites derniers sites comportent encore de magnifiques hypogées, avec de profonds puits, de grands escaliers, des piliers colorés et même des sculptures sur les parois.

Avant de remonter pour la dernière fois les grandes marches de pierre, je regarde attentivement tout autour de moi pour graver cet endroit dans ma mémoire. C’est émouvant d’être là, à l’intérieur et d’imaginer les gens qui ont creusé ces tombeaux, qui ont poli et peint ces parois, foulés ce même sol. Ces endroits sont tout simplement incroyables.

Petit conseil aux visiteurs : nous avons finalement bien fait de faire le tour en commençant par El Aguacate  (alors qu’il est recommandé de le faire dans l’autre sens vis à vis de la difficulté de marche) car cela nous a permis de découvrir les sites les moins bien préservés (mais les plus sauvages) en premier. Et donc de découvrir de nouvelles choses sur chaque site.

Nous finissons finalement par la visite du petit musée (qui n’est ouvert que l’après midi) où se trouvent des objets trouvés dans les hypogées. Le repos l’après midi à l’hôtel est plus que bienvenu. Les enfants font même un peu d’école. On avait un peu lâché le sujet ces derniers temps, il faut bien l’avouer ! Mais on leur fait travailler l’espagnol avec des exercices pratiques. Ce soir, Léa et Gaëtan sont allés tous seuls s’acheter des papas rellenas pour le diner (ils sont fans), avec de la sauce (aji) pour Léa. Un petit coup de stress mais beaucoup de fierté à la fin !

Sur le rocher au centre du village, on peut distinguer "FARC" en rouge mais le tag a été en partie effacé
Ce soir, 20 touristes hollandais qui logent dans le village du bas viennent manger à la Portada. Il faut dire qu'il y a peu de restaurants dans le coin et que celui-ci est excellent.
La randonnée commence par une montée bien raide dans un pré. Nous prenons très vite de la hauteur sur le village et la vue se dégage
Ca y est, nous sommes sur les crêtes
Le café pousse toute l'année et sur un même arbre, on peut avoir des fleurs et des grains de toutes les maturités (les rouges sont mûrs).
Les premiers tunnels que nous rencontrons ne sont pas protégés car il n'y a pas grand chose dedans mais on peut tout de même aller les explorer
Des cavités dans le sol et quelques traces de peinture
Alto del aguacate
C'est reparti sur les crêtes
Là, on est trop loin mais on ne le sait pas encore
Les chiens, petits mais hargneux !
En infusion pour soigner la fièvre !
Les chevaux sont très utilisés pour atteindre les exploitations les plus éloignées
Les plans de cafés sont très fournis en fruits. Il y a 2 grosses récoltes par an, vers avril et vers novembre. Mais on récolte tout de même des grains tout le long de l'année.
Un moulin à canne à sucre (manuel ou avec des chevaux). Le chauffage du jus se fait juste derrière sous l'abri.
le four est souvent alimenté avec le résidu des cannes broyées (ici le pied du bananier doit probablement juste servir à pousser les bouts de cannes)
Pause rafraîchissante à faire un barrage
Les pentes sur lesquelles pousse le café sont impressionnantes. On se demande comment font les gens pour aller ramasser les grains.
La roche était polie, puis peinte en blanc avant de rajouter les motifs noirs et rouges
A la Portada
Invité surprise
Aujourd'hui, pas de vue dégagée !
Les séchoirs à café. Comme il n'y a pas beaucoup d'endroits plats par ici, ils sont sur pilotis.
De face une femme, de dos un homme (vêtements différents)
Les pousses de bambou grosses comme le bras
Il ne risque pas de passer la tête entre les fils barbelés de la clôture
Construction traditionnelle
J'ai acheté des papas rellenas pour la route et Mathis mange la dernière (très convoitée par les autres)
Fleurs de café
De plus en plus profond !
Les grains sèchent au soleil
Machine pour enlever l'enveloppe des grains de café
Les urnes au musée
Du bambou partout !!!
Mission papas rellenas réussie !
Ambiance studieuse
Ambiance jeu !!!

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